Le texte

Une péninsule ibérique où il fait bon mourir.
Deux types traversent la Manche, le cadavre d’un immigré clandestin dans le coffre de la voiture. Lors de ce voyage exceptionnel, quasi métaphysique, ils bavardent, s’interrogent, débattent.

La Balade des Noyés est un voyage métaphorique « au bout de la nuit », où en dépit du crime, on cherche à avoir la conscience propre. Dans ce roman exclusivement dialogué, adapté ici pour la scène, nos deux personnages affrontent une réalité criminelle qui leur échappe continuellement.

Sous les airs d’une conversation anodine, La Balade des Noyés génère un décalage qui distille un humour noir décapant et provoquant.

Entre théâtre et cinéma

Sur fond de road-movie, l’auteur nous embarque dans une farce de l’absurde en compagnie de deux vivants et d’un mort, un mort qui fait parler les vivants, tout au long d’un voyage nocturne en terre espagnole : la Manche, terre du Quichotte, grand chevalier de l’inaccessible.

Glissant d’une question à l’autre, enchaînant les mots, les paroles, les thèmes comme autant d’éléments constitutifs « d’un cadavre exquis » (le surréalisme est frère d’Espagne), nos deux vivants, dans leur quête angoissée, leur trajet dérisoire, ressemblent à des personnages de Beckett ou des frères Coen.

Au delà de leurs divagations historiques, leurs délires autour du sexe, de la culture et de la religion, leurs états d’âme et leur mauvaise foi, il y a aussi les interrogations d’un monde sur ses fondamentaux. Passant du rire à l’effroi, de l’humour le plus noir à l’émotion la plus ténue, nous ne lâchons pas les deux vivants et le mort.

Eva Vallejo - Bruno Soulier