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: Note d'intention

Pourquoi ? Tenter de faire d’une esquisse une œuvre pleine.


La première version des « Maisons natales » a été écrite dans la perspective d’une restitution sous forme de lectures « mises en espaces » (concept hybride voire pis-aller). Il fallait donner à entendre plus qu’à voir.
Un motif d’étonnement et de grande satisfaction durant ces lectures a été la réponse du public à la proposition.


Partout où nous sommes passés, le nombre de spectateurs a été bien plus élevé que l’estimation qu’en faisaient les organisateurs locaux. Il nous semble que cela tient à l’adéquation entre les lieux choisis (propices à l’échange et à la proximité, non intimidants) et la thématique proposée qui concernait directement les habitants sollicités. L’événement était « à hauteur de public », particulièrement bienvenu dans une période difficile où le quotidien de la population est contaminé par la crise et le discours sur la crise, anxiogène et culpabilisateur. Ce climat sociétal, contrairement à ce qu’on pourrait craindre, n’amène pas tant des réflexes de repli sur soi qu’une appétence renouvelée pour le rassemblement, la perception physique du lien. Le spectacle vivant, pour autant qu’il soit accessible à tous et en résonnance poétique, métaphorique ou politique avec les préoccupations collectives, joue à nouveau le rôle qu’il est seul capable de jouer : faire se rapprocher les corps réels des citoyens et des artistes


Ce que nous avons vécu durant cette expérience, les échos qui nous sont parvenus, nous ont convaincus qu’il était opportun et passionnant d’aller plus loin et de transformer la lecture en véritable spectacle, c’est-à-dire d’amplifier la proposition, mettre en relief le silence, écrire avec la lumière, les costumes la scénographie, le son etc. Tenter de faire d’une esquisse une œuvre pleine.


Comment ?


« Les maisons natales » écrit pour deux comédiens est composé de cinq textes dans la nouvelle version :
Fait pour durer
Jour de retour
Le causse et la colline
Jour de départ
La vieille au bois dormant


mettant en relation un homme et une femme. Les comédiens sont appelés à changer de personnages à chaque séquence. Le texte étant issu de rencontres avec des personnes âgées isolées, il y a naturellement des rôles de vieux hommes et de vieilles femmes mais aussi des personnages d’une autre génération (un frère plus jeune, une infirmière sociale, une jeune femme…). Par ailleurs, d’une séquence à l’autre, les acteurs, au vu de tous, glissent d’un personnage à l’autre. Ces passages font partie intégrante du spectacle.


La scénographie ne cherche pas à figurer les lieux où sont censées vivre les personnes âgées (ces maisons natales qui font le titre du spectacle) mais plutôt un lieu métaphorique qui pourrait évoquer la mémoire, nos deux comédiens étant en quelque sorte des archivistes du vivant, prêtant leur corps et leurs voix non pas à des fantômes mais à des personnes qui, par choix ou par destin, vivent leurs années ultimes dans un relatif isolement, portant en eux le souvenir d’époques révolues et de transformations spectaculaires des conditions de leur travail et de leur vie.
Le dispositif dramaturgique et scénographique ne cherche surtout pas à induire la nostalgie d’un supposé « bon vieux temps » qui n’a jamais existé. Par sa douceur, sa luminosité, son nuancier, sa fluidité, il vise plutôt à diffuser une empathie, une tendresse, une curiosité d’enfant à l’égard de ces fragments de vie extraordinairement banals, banalement extraordinaires.

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