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L'Usage du monde

+ d'infos sur le texte de Nicolas Bouvier
mise en scène Dorian Rossel

: Note d’intention

Le spectacle plonge dans l’univers de Nicolas Bouvier en s’arrêtant d’abord aux mots, dans la simplicité de la narration. Un plateau nu, un plan incliné, six musiciens et comédiens qui viennent, ensemble, se faire les passeurs de ce voyage, à la fois géographique et intérieur.
Pas de reconstitution biographique, pas d’éléments «réalistes» qui viendraient de façon folklorique illustrer ce voyage devenu désormais mythique. Pas d’identification, non plus, à Nicolas Bouvier. Au contraire, pour aller au-delà de l’individualité, nous utilisons la polyphonie des voix, permettant de s’approcher d’une résonnance plurielle.
L’adaptation du texte met en lumière la tension qui construit le récit entre une immersion totale dans les lieux, les ambiances et les cultures traversés et la prise de recul qui permet de formuler, par après, l’enseignement spirituel du voyage. Sans ces deux pôles, pas de prise de parole sur le monde, puisque ce n’est que par cette présence «brute», en se perdant dans les autres, que Bouvier arrive à se trouver lui-même.
Bouvier a la faculté, dans son écriture, d’interpeller le lecteur, de le rendre complice de ses déambulations, au moyen notamment de l’humour, mettant en évidence le côté imprévu de chaque situation. Il travaille à rendre son verbe le plus direct, le plus enlevé, le plus précis possible. C’est donc avec simplicité qu’il invite le lecteur à partager ces moments d’intensité et d’émerveillement, par un lâcher prise qui permet de goûter à l’état de plénitude. Ce qui implique également, comme la face cachée de ces instants de bonheur, les prises de risques, les dangers, la peur, le sentiment de finitude.
C’est dans ce rapport direct et frontal que nous inviterons le public à partager ce récit, pensé autant comme une découverte du monde que comme une magnifique quête de soi et des autres. «Les récits de Bouvier sont d’abord un apprentissage du regard. Un regard entièrement tourné vers l’extérieur, qui reçoit les choses telles qu’elles se présentent. Le voyageur ne se définit pas. Ne définit pas le monde. Il rend présent.» Nadine Laporte
Entrer dans les mots de Nicolas Bouvier, dans la simplicité, la chaleur et la résonnance de son récit, avec ses moments d’harmonie et d’allégresse et ses moments de perte, d’exil et de solitude. Faire un bout du voyage avec ce conteur magnifique, grâce aux évocations vivantes de ces instants de vie, véritables hymnes à l’ouverture, ouverture aux autres, au monde et à soi-même.
Et, dans le creux de ce périple, s’approcher, avec lui, d’une quête autrement plus troublante :
s’offrir au monde, s’y plonger jusqu’à s’y perdre. En faire «usage» en prenant le risque d’être «usé» par lui. Le voyage non comme un plein, mais comme un vide. Y laisser ses plumes, ses illusions, ses alibis. Etre plongé dans le silence du monde. Et, par la parole, trouver une continuité, une expression, une forme à cet enseignement.

Carine Corajoud

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