: Extrait
Sébastien Melmoth : Ce nom fut le masque dont Oscar Wilde couvrit son visage
ravagé par la prison et portant tous les signes avant-coureurs d’une mort proche.
Son destin aura été de porter successivement trois noms : Oscar Wilde, C.3.3,
Sébastien Melmoth.
La sonorité du premier n’est qu’orgueil, éclat, séduction.
Le deuxième, effroyable, est l’une de ces marques que la société imprime au fer
rouge sur l’épaule nue.
Le troisième est le nom d’un spectre, d’un héros balzacien, à demi-oublié.
Trois masques successifs : le premier, Oscar Wilde au front magnifique, aux lèvres
pleines, aux yeux humides, splendides, insolents – un masque de Bacchus ;
le deuxième, C.3.3, un masque de fer percé de trous pour les yeux où se lit le
désespoir ;
le troisième, Sébastien Melmoth, un médiocre domino emprunté chez un loueur de
masques pour cacher au regard une lente agonie.
Oscar Wilde brilla, ravit, blessa, séduisit, trahit et fut trahi, frappa au coeur et fut
frappé au coeur. Oscar Wilde écrivit, Sébastien Melmoth traîna dans les rues de
Paris, mourut, fut enterré.
Le destin d’Oscar Wilde et son être ne font qu’un. Oscar Wilde a marché vers sa
catastrophe du même pas qu’OEdipe, le voyant aveugle.
L’esthète était tragique. Le dandy était tragique.
L’homme est plein de poisons qui se combattent avec fureur.
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