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Accueil de « L'Irrésistible ascension de Monsieur Toudoux »

: Note d'intention

Dans ces farces conjugales, c'est l'acuité du conflit qui nous réjouit, bien plus que les raisons qui y conduisent. S'y révèlent, sans fard et sans frein, l'égoïsme, l'irresponsabilité, l'agressivité et l'amertume. Ici, Feydeau devient plus cruel, plus féroce. Désormais, rompant avec ses grands vaudevilles, il s'appuie sur des situations parfaitement vraisemblables, jamais très éloignées de nos petites tracasseries quotidiennes et les amplifie : ce n'est jamais l'incident qui est énorme, mais l'énergie qu'on met à lui donner de l'importance. Cette énergie est un moteur théâtral puissant.


Dans L'irrésistible ascension de Monsieur Toudoux !, le couple est affaire de corps, de coulisses, une déromantisation de la vie à deux. Le couple petit-bourgeois est bousculé, saccagé. Un autre motif s'y développe : le besoin de revanche sociale. Cette ambition dévorante va contaminer toutes les relations du héros, mettant à jour son individualisme. Cette histoire de vie à deux bascule progressivement vers une histoire de deux obsessions distinctes, créant des comportements de plus en plus décalés. Au centre de ces deux êtres : l’enfant.


Cette incursion dans l’intime est ici l’occasion d’en rire. De rire de "l’incommensurable médiocrité humaine", la nôtre. De prendre avec légèreté les travers humains. A travers la lucidité crue(lle) de Feydeau nous voulons faire surgir l’humour fou qui s’en dégage.


Cette création est la troisième de la compagnie le Théâtre de l’Homme, après Le Misanthrope de Molière et Une famille aimante mérite de faire un vrai repas de Julie Aminthe. Ce qui tend le fil jusqu’à Feydeau est cette volonté de comprendre, faire surgir, révéler la complexité humaine, la vertigineuse question de l’altérité. Ces fables nous parlent de l’impossibilité de vivre ensemble sereinement. L’espoir ne vient pas des dénouements heureux, mais de l’humour, qui agit comme une consolation.


Car l’humour est évidemment le moteur qui m’a poussé à choisir Feydeau, et surtout l’envie de raconter la "médiocrité" humaine comme une grande fête dont on sortirait sans gueule de bois, mais dynamisé, éveillé, réveillé peut-être.


A travers ces personnages se débattant sous nos yeux, c'est aussi un moyen, de façon symptomatique, de rendre tangible la société dans laquelle ils vivent. En la tournant en dérision, Feydeau pose un regard critique sur son époque et nous en faisons aujourd'hui le prisme pour observer, ausculter, questionner le monde dans lequel nous vivons.

Dimitri Klockenbring

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