Les Romains sont différents de nous, mais ils ne nous sont pas extérieurs. Ce sont nos sauvages intérieurs. C’est pourquoi, ce qui nous intéresse, c’est de faire jouer les écarts. Aller chercher des altérités antiques pour voir en quoi cette connaissance d’un passé autre bouscule notre connaissance du monde contemporain et de son avenir. L’Antiquité est un monde différent, avec ses propres traditions de pensée et modes de vie. C’est un continent enfoui dont l’exploration nous permet d’élargir notre connaissance de l’humanité et de ses variantes. Pour fantasmer l’humanité en 2200, nous allons assembler des fragments de textes de Sénèque. Après avoir extrait les parties des tragédies de Sénèque les plus pertinentes à mettre en jeu et composé avec cette matière un montage de textes, nous composerons le livret de scène (texte, musique, vidéos). Le résultat de ce travail contribuera à ce que la fiction d’anticipation que nous proposons ne soit pas seulement comprise, mais avant tout ressentie par les spectateurs. Toute la mise en scène sera travaillée en ce sens.

Nous avons imaginé que dans un avenir proche et post-catastrophique les hommes délaisseraient les religions et abandonneraient la croyance en une force supérieure. Néanmoins, le besoin de participer à des cérémonies convoquant le sacré perdurerait. En 2200, le théâtre, désormais fermement lié à la science, s’est emparé de nouvelles technologies biologiques et numériques pour poursuivre son étude de l’être humain.

Avec L’injustice des rêves, nous interrogeons le théâtre de 2200. Quelles pourront être ses formes et surtout quelle fonction aura-t-il ?

• Vincent Menjou-Cortès