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L'ignorant et le fou

mise en scène Emmanuel Daumas

: Historique

Il y a une rencontre avec Dominique Valadié pendant le travail sur La Princesse Maleine, que montait Yves Beaunesne. Sans doute une des rencontres les plus marquantes de ma vie. Un coup de foudre et une école.


Une complicité et du travail. Sa pensée absolument poétique et en liberté. On a rêvé sur un jeu d’acteur responsable, politique, à la fois cérébral et néanmoins au bord de la faille, qui utiliserait la tentation de sa folie propre pour parler du monde.


On voulait travailler ensemble. Faire un spectacle ensemble.


Il fallait trouver un texte monstrueux et drôle. Un texte qui fait face à la mort et à la société. Quelque chose entre l’engagement d’une vie dans l’art et le dégoût de l’art face à la barbarie.


Il y a aussi la rencontre avec Thomas Bernhard. La mise en scène de Michel Raskine de Au But et le spectacle Tout est calme « Maître » des Tg Stan qui sont des références pour moi.


Et puis L’ IGNORANT ET LE FOU avec tout ce qui me passionne dedans.


Le fait que ça se passe dans une loge pendant un spectacle, qu’on entende l’ouverture de La Flûte enchantée dans les retours.


Une cantatrice. La meilleure du monde, face à la vanité de son métier, de son art, de l’Opéra, de l’Art.


La folie qui pointe et la possibilité d’arrêter… tout.


L’éventualité à tout moment de se tourner vers le public et soudain, tirer la langue.


Un père alcoolique, manipulateur, aveugle, incestueux.


Un monstre, obèse.


Peut-être Roland Bertin et son corps… énorme… son corps métaphysique.


Pourquoi passe-t-on sa vie à vouloir faire plaisir à son père ? Pourquoi avoir si peur de son père ?


Et puis le docteur. Une folle opératique, fasciné par les opérations légistes, qui ramène la mort dans ce théâtre, la maladie, la souffrance physique.


Tandis que la Reine tousse comme Thomas Bernhard toussait.


Un géni qui tousse, une machine à coloratures qui tousse, un corps machine, une machine déréglée.


Encore une idée absurde, « mais le monde n’est fait que d’idées absurdes. »


Dans la pourpre et l’or du grand opéra, dans l’ignominie de la culture comme bouée de secours, c’est au milieu des massacres et des corps mourants, qu’il restera toujours Mozart.


On se raccroche au monde civilisé… mais quelle civilisation s’est-on fabriquée ? Et où est-elle cette Nature perdue ? « Pour préférer l’ignorance », sommes-nous vraiment « trop intelligents » ?


Et cette « intelligence », au service de quoi l’employons-nous ?


Nous reste-t’il comme Einstein qu’à tirer la langue ?


En tous cas j’aime bien cette gageure :
FABRIQUER UN SPECTACLE QUI TIRE LA LANGUE

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