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Kinky Birds

+ d'infos sur le texte de Elsa Poisot
mise en scène Elsa Poisot

: Note d'intention

par Elsa Poisot

Kinky birds est une histoire de rencontres : celles qui me hantent, celles que j’ai imaginées, celles qui sont arrivées mais aussi celles qui n’auraient jamais dû avoir lieu.


A travers elles, j’ai voulu mettre en situation tout ce qui émerge à l’instant d’un contact inattendu avec l’autre, les enjeux de pouvoir, de droit et d’empathie mais aussi la poésie ; un ensemble complexe et contrasté qui constitue le lien qui nous rattache à l’autre. C’est par l’écriture d’une scène inspirée d’une réalité vécue, dans le métro que le projet a débuté.


Parce que je suis métisse, on spécule souvent sur mes origines. J’ai toujours été surprise par le regard qu’on pouvait porter sur moi. Souvent on m’aborde dans une langue inconnue comme si elle était mienne, on m’interroge sur mes as- cendances, on fantasme sur mes valeurs culturelles ou mon comportement. J’ai choisi de ctionnaliser cette situation, de la pousser hors de son cadre. Alors, j’ai mis dans la bouche des deux personnages tout ce que j’avais entendu mais aussi rêvé d’entendre. Pour voir ce qui allait advenir. Quelle était donc la ques- tion derrière la question ? Ce que les apparences véhiculent et ce que les im- pressions engendrent sont des problématiques qui m’ont toujours fascinée. Très vite, d’autres situations de confrontations quotidiennes dans les transports en commun se sont bousculées. J’ai continué à écrire d’autres scènes qui question- naient aussi le rapport à l’autre.


Qu’est-ce qui entre en jeu quand deux individus se rencontrent pour la première fois ? Face à un inconnu, dans un endroit et à un moment inattendus, qu’est-ce qui de l’apparence, de l’identité, du genre ou de la norme, joue le plus grand rôle ? Au cours d’une rencontre, qu’est-ce que nos comportements racontent des rapports de force qui opèrent dans la société ? Qu’est-ce que nos (premiers) ré exes et nos pulsions trahissent de l’imaginaire commun, de l’inconscient col- lectif et de nos préjugés ? Un jour, dans une ville où j’avais écrit, dans un métro que j’avais fréquenté, où j’avais observé des passagers, une femme a été agressée. Pendant une de- mi-heure. Sans que personne ne réagisse. J’ai cherché alors à comprendre comment une telle chose avait pu advenir. Très vite, j’ai associé cet événement aux agressions de femmes dans les transports en commun en Inde et en Egypte et aux propositions politiques en Europe de compartimentation des sexes dans les transports en commun. Une sorte de Separate but equal qui fait forcément écho à un autre temps.


En n, parce qu’il ne se passe pas un jour sans que je ne croise dans les transports en commun les plus démunis d’entre nous, j’ai commencé à faire des liens avec cet obscur sentiment entre résignation et révolte qui m’habite à chaque fois que je vois quelqu’un qui (sur) vit dans la rue. Aujourd’hui encore, à Montpellier, un syndicat de transports en commun propose un bus spécial Roms. Ce qui n’est pas sans résonner aussi de façon inquiétante avec l’Histoire.

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