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Kill the cow

mise en scène Hervé Guilloteau

: Extraits

Extrait 1


L’homme- Il te rend heureuse ?


Marine- elle lève les yeux et sourit.


Temps


Marine- J’apprends la langue. Ça rentre bien. C’est plus difficile pour lui mais il progresse. Son copain est plus avancé. Plus féminin peut-être. Il vient souvent chez nous. Pour jouer de la musique avec mon mari. Par solidarité nationale, aussi, j’imagine. Ils ont connu la guerre. Mon mari dit que c’était chaud. C’est un chanteur de variété très connu là-bas.


Temps


Marine- C’est très important ce concert. Pour lui.


L’homme- Il a une sorte de répertoire ?


Marine- Je sens qu’il a envie de passer à autre chose.


Temps


Marine- L’idéal serait de faire un tube.


L’homme- C’est un peu bouché.


Marine- ?


L’homme- Un tube. Bouché. Excuses-moi.


Marine- Un tube, ça se dit Turbofolk en serbe. C’est rigolo, non ?


L’homme- D’ailleurs, on dit plutôt d’un tuyau qu’il est bouché. Ou d’un secteur d’activité.


Silence. Gilles est apparu


L’homme- Il t’aime?


Marine- Je crois.


Silence


L’homme- Elle est grosse?


L’homme- Normale.


Temps


Marine- Je kiffe son petit trou. Un peu inquiet. Tu vois l’embout des ballons de baudruche ? Quand tu as fait le noeud ?


L’homme- ?


Temps


Marine- Monsieur, vous savez où je peux trouver des ballons de baudruche ?




Extrait 2


L’homme- Nous n’en parlions pas. Et toutes ses absences sont devenues pour moi synonymes de plumard. Même si parfois je me trompais. On sent les choses. Quand X disait « je dors chez ma soeur », je n’y croyais pas. A son retour, je lui demandais « alors qu’est-ce qu’elle t’as fait de bon à manger ta soeur ? » Et X décrivait le dîner avec force détails « en entrée elle avait fait des langoustines avec une sauce piquante, et puis en plat des rognons de veau – précisant même je commence à en avoir marre de ses rognons de veau - et en dessert une tarte aux pommes classique ». Et moi « c’est vrai quand même qu’elle pourrait un peu changer de temps en temps ta soeur ». J’ai cru un moment à une accalmie. Nous sommes partis au Portugal. Au retour, nous avons passé beaucoup de temps dans le jardin, l’herbe avait poussé pendant notre absence. Et puis ce coup de fil. C’était reparti.


Temps


L’homme- L’heure de mon rendez-vous approchait. J’avais contacté une sexothérapeute. Pour parler. A 16 heures. Mais je n’arrivais pas à décoller. X avait rendez-vous à 18.30 – je l’avais entendu au cours de la conversation téléphonique. A mon retour, X serait parti, sans aucun doute, sans aucune hypothèse de renoncement. Et même si la situation devenait insoutenable, je voulais profiter encore quelques minutes de sa présence, de son corps, avant qu’il ne soit souillé par toutes ces chattes et ces bites tondues.


Temps


L’homme- J’allais vraiment être en retard au rendez-vous. De toute façon, c’était foutu. Je suis monté prendre ma douche et je me suis habillé. Je suis redescendu dans le salon enfumé, je l’ai regardé et j’ai dit « j’y vais ». J’attendais une réaction. J’ai fait semblant de chercher ma carte vitale sur le meuble en bordel et au bout de quelques secondes j’ai senti sa présence derrière moi et son baiser dans mon cou. Je prenais affreusement conscience que c’était peut-être le dernier. X m’a souhaité une bonne consultation et je suis sorti. C’était effectivement le dernier.

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