: Notes de mise en scène
« Just Like a Woman » se joue des conventions, et appelle un spectacle dans lequel on passera du solo de théâtre à la Caubère, au concert de blues et à la poésie-rock.
Ce monologue, je l’ai rêvé et composé pour une actrice, Kelly Rivière.
Comédienne d’origine irlandaise, danseuse, bilingue
franco-anglaise, elle allie à tous ses talents beaucoup
d’humour et de sensibilité. Elle était actrice
dans « Art’Catastrophe », mon précédent spectacle
(co-mise en scène avec Sarah Siré), et j’ai vu pour moi
une évidence entre sa personnalité et ce que j’écris.
C’est tout naturellement que j’ai voulu la mettre en
scène.
Je conçois ce spectacle comme l’errance d’une
femme. Perdue dans la ville qu’elle connaît par coeur,
les rues deviennent peu à peu reflet de son monde
intérieur. De rues aux consonances comiques - Passage
Boudin, passage de la Bonne Graine - elle
tombe dans des ruelles angoissantes. L’espace de la
scène se fait cinématographique. Grâce à la lumière
et à un travail de découpe très précis, nous créerons
des espaces pour qu’elle puisse faire vivre son « petit
cinéma ». Une découpe sur le mur deviendra un
écran cinémascope. Des ponctuels isoleront des parties
de son corps, ses mains, son ventre, son visage,
nous permettant de créer des gros plans. Je souhaite
inviter un réalisateur de film d’animation à créer un
court-métrage qui évoquera l’enfance de l’héroïne
sous forme de papiers animés.
Paris se fait New-York, New-York devient Mullholand
Drive, et ainsi Kelly Rivière traversera différentes
époques et différents styles de film.
Pour l’accompagner dans ses pérégrinations, un musicien
sera sur scène avec elle. Guitariste, Julien Ribeill
mélange beaucoup de styles, afro, reggae et rock.
Par sa présence et sa musique, il la soutiendre quand
elle évoque Pierre et le Loup, les années soixante-dix,
un exil fondateur et des voyages fantasmés.
Je ne veux pas créer un solo stéréotypé fait de
sketches, mais je veux que l’on se joue des conventions.
Ainsi, la comédienne glissera de la simple
confidence à un moment de poésie-rock, d’une chanson
qu’elle incarne à la Rita Mitsouko à des transformations
à la Caubère.
L’actrice passera d’un personnage à l’autre : sa mère,
les bébés en crise, les amies qui accouchent, une rockeuse
sur le retour.
Elle incarnera une large palette de jeunes femmes
enceintes, celle qui écoute Pierre et le Loup en boucle
parce qu’il paraît que tous les foetus adorent Proko-
fiev, celle qui a lu chaque traité sur les régimes pour
femme enceinte, celle qui a lu tout Dolto et pense que
parler est essentiel, celle qui n’ayant pas lu Freud
continue de dire aux enfants qu’elle veut les manger.
Si je prends pour point de départ les années 2000, je veux ensuite offrir aux spectateurs une plongée dans les années soixante et soixante-dix. Ainsi, la comédienne revisitera ses rêves adolescents, et évoquera Geena Rowlands, Billie Hollyday, avant de proposer une réincarnation de Janis Joplin, dans un véritable show underground.
Tout se fera en live. Pour tout décor, il y aura la lumière, une guitare électrique et un ampli. Je choisis la légèreté et la simplicité, et je privilégie une adresse au public très intime.
Jalie Barcilon
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