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Huis clos

+ d'infos sur le texte de Jean-Paul Sartre
mise en scène François Charron

: Note d’intention du metteur en scène

HUIS CLOS est pour moi le plus machiavélique des jeux de stratégie.


D’abord parce que tous les coups sont permis : les coups, au sens propre ! Je connais peu de pièces où la violence physique soit aussi marquée –l’interrogatoire musclé d’Estelle par Garcin et Inès, par exemple, n’est rien moins qu’une scène de torture.


Les mensonges ensuite : dans cet impitoyable jeu de la vérité, il s’agit d’avancer dissimulé, de se protéger des autres tout en se servant d’eux, et mentir, mentir, et encore mentir… jusqu’à la tombée des masques… et encore au-delà !


Le jeu des alliances participe également de cette stratégie, d’autant plus monstrueux que celles-ci tournent sans crier gare, provoquant un maximum de dégâts.


On y voit enfin s’y déployer les pièges les plus fascinants de la séduction, du corps, de la sexualité, comme ce « miroir aux alouettes » par lequel Inès tente d’attraper en l’hypnotisant la jolie sirène qu’elle convoite ; je suis toujours surpris quand j’entends parler de Huis Clos comme d’une pièce pour khâgneux amateurs de « prises de tête » et de cheveux coupés en quatre, un texte à thèse, le lieu d’un débat d’idées éthérées d’ordre philosophique, alors que j’y vois le théâtre d’une incarnation physique très forte : les pulsions y sont sauvages, on s’y désire puissamment, on s’y embrasse à pleine bouche, on s’y caresse, on s’y prend… -du moins on essaie ! Pour une pièce philosophique, je la trouve particulièrement charnelle…


Et drôle, aussi !... Qui a dit que Sartre n’avait pas d’humour ? On parle toujours à propos de cette pièce de mauvaise foi, de désespoir, de révolte, de lâcheté, de mécanique implacable et de mensonge diabolique, mais beaucoup plus rarement du potentiel comique que constituent trois personnages aussi grotesques qui s’entre-dévorent, et de la délectation qu’on peut prendre à regarder leur lutte aussi acharnée que dérisoire !

François Charron

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