Sans qu’il y ait préméditation, Gloria tue ce qui l’oppresse et avance vers la douceur et la tendresse qui lui reviennent de droit. Gloria n’est pas héroïque, la pièce déroule un récit où la morale, le bien et le mal, n’ont pas leur place. Elle progresse par tableaux successifs, denses, où l’écriture a été raclée jusqu’à ne contenir que des dialogues acérés. Gloria côtoie le monstrueux, parce que l’époque dans laquelle elle avance, droite, sur sa ligne, ne supporte pas les courbes, les formes et l’excès. Qui est monstrueux alors ? Ce qui empêche, interdit, juge, opprime, ou celle qui mobilise sa violence pour s’en échapper ? Gloria, durant cette journée, va s’enivrer d’excès, nous révélant à nous-mêmes notre immobilité et notre peur du chaos.

Il y a une joie immense à regarder cette femme avancer, la joie brûlante que peut provoquer la sororité. C’est une sœur que l’on voit se battre et se débattre avec une telle vigueur, qu’il y a l’énergie explosive d’un concert de rock, de punk dans ce récit. La pièce se termine avec Patti Smith s'époumonant dans les enceintes d’une voiture : “And her name is ? And her name is ? And her name is: G.L.O.R.I.A.”

Le travail de mise en scène est une recherche entremêlent une théâtralité musicale et un espace qui pourrait la produire en live.  La présence au plateau d’un créateur live, à la fois musicien, bruiteur, régisseur vidéo live, se fait l’écho de la volonté de Rita de faire ressurgir l’histoire afin de mieux la comprendre. La pièce se déroule dans un univers très sonore où se mélangent plusieurs régimes d’énonciations : il y a du formel avec la narration de Rita, les passages versifiés en italiques proposés par l’auteur comme des ralentis cinématographiques, et les dialogues entre Gloria et ceux, celles qui gravitent autour d’elle. Il nous faut donc explorer différentes formes au plateau afin de trouver comment cette histoire se raconte.