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For ever Müller

+ d'infos sur le texte de Simon Delétang
mise en scène Simon Delétang

: Müller et l'art de l'interview

Les interviews sont indubitablement une partie de son oeuvre. C’est le défi que relève Simon Delétang. En introduisant Müller sur le plateau et en interprétant ses entretiens, le spectacle se place ouvertement du côté de l’autocitation.


« Mon impulsion fondamentale dans le travail est la destruction. Casser aux autres leur jouet. Je crois à la nécessité d’impulsions négatives ». Entre la mise en déroute de l’interviewer, dont la question agace, l’autodérision amusée et séductrice, et le sens de l’anecdote qui condense une situation politique, le rire chez Müller est un rire à la fois destructeur et partagé.


La mise en déroute de l’interviewer


Les réponses de Müller sont très étudiées. Elles répondent à une dynamique qui joue autant sur l’aspect théâtral de la situation (théâtre dans le théâtre où chacun joue son rôle et se traque – l’interviewer sait à quoi s’attendre quand il interroge Müller mais ne se démonte pas et poursuit son argumentation) que sur l’aspect intellectuel de la réflexion (qui déjoue le carcan idéologique dans lequel on cherche à le situer verbalement – car on ne saisit jamais très bien où il se situe idéologiquement).


Son goût de la mise en scène le conduit tout naturellement à faire de ces interviews un véritable exercice de style comme une oeuvre qui se construirait en direct répondant à toutes les exigences de son écriture : Un goût prononcé pour le laconisme, une sagacité, une liberté de ton, une attitude de défense qui déconstruisent une question pour lui substituer un trait d’esprit qui anéantit l’interlocuteur sans le blesser.


Claire Lintignat




Extrait


Les écrivains doivent être idiot


André Müller : Que signifie pour vous la fin possible de l’humanité ?


Heiner Müller : Rien d’autre que ma propre mort, car quand je serai mort, ce sera pour moi la fin de l’humanité.


AM : Avez-vous des enfants ?


HM : Oui, trois ; mais c’est vraiment sans importance.


AM : Vous ne parlez pas volontiers de vos liens familiaux.


HM : On en parlera bien assez quand les disputes autour de l’héritage auront commencé.


AM : Votre réflexion sur l’avenir n’est-elle pas influencée par le souci de vos enfants ?


HM : Non.


AM : Si vous étiez une femme, vous parleriez différemment.


HM : Mais je ne suis pas une femme.


AM : Pensez-vous qu’on lira Heiner Müller sur Mars ?


HM : Par exemple. Et ce serait encore mieux qu’on y monte mes pièces.


Entretien : André Müller / Heiner Müller

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