: Note d'intention
Par Marc Lainé
En travers de sa gorge est une histoire de fantôme, de possession
et de monde parallèle... C’est une pièce « fantastique ».
Le choix de ce genre est le moyen pour moi de faire résonner la
nature magique, presque surnaturelle, du théâtre et de l’art de
l’acteur.
La scène est un lieu offert aux morts pour qu’ils puissent revenir
s’adresser aux vivants. L’acteur est un corps possédé par des
personnages qui sont autant d’esprits du passé que les auteurs
nous ont légués... Depuis Eschyle, en passant par Shakespeare ou
le nô japonais et jusqu’à Kantor, le théâtre a toujours tenté
de représenter les spectres. En acceptant de croire au fantôme
que l’on fait apparaître devant lui, le spectateur accrédite la
fonction même de l’art théâtral qui est, à mon sens, de troubler
un temps le réel pour ouvrir un passage vers d’autres mondes,
fictionnels et imaginaires...
Les fantômes ont toujours été une obsession. Toutes mes histoires
mettent en scène des revenants : dans Spleenorama, le narrateur
est un chanteur mort qui s’adresse à nous depuis les profondeurs
d’un lac gelé ; dans Vanishing Point, une femme disparue hante les
personnages qui la recherchent ; dans la Chambre désaccordée, le
spectre de Jean-Sébastien Bach vient secourir un enfant prodige du
piano... Jusqu’à présent, j’ai abordé la figure du fantôme avec une
forme de décalage, un humour qui, me semblait-il, permettait au
spectateur de conserver une forme de distance propice au travail
d’interprétation.
Aujourd’hui, sans forcément me départir complètement de l’humour
qui caractérise aussi mon travail, je voudrais proposer une forme
plus immersive, qui plonge véritablement le spectateur dans cet
univers fantastique et produise la même fascination que certains
films ont pu exercer sur moi.
Le cinéma s’est emparé du thème du fantôme pour produire une
quantité incalculable d’œuvres plus ou moins réussies, mais qui
forment désormais un imaginaire commun.
Pour représenter ce fantôme et les scènes de « possession » au
plateau, je travaillerai de nouveau dans un dispositif de tournage
en direct.
En jouant au plateau avec les références et les codes du cinéma
fantastique, en « réactivant » cet imaginaire commun, j’espère
pouvoir faire apparaître ce fantôme, sur scène autant que dans
l’esprit du spectateur, avec toute sa puissance de fascination.
- Marc Lainé, septembre 2020
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