Par Olivier Pansieri
vendredi 31 mai 2013
Nous sommes dans un restaurant de luxe composé de tables,
de chaises et de couleurs tranchées. Dans ce dispositif où
toute l'illusion théâtrale est engagée, trois couples boivent,
fument et se dévorent.
Un jeune homme, le serveur, tente de communiquer,
d'intervenir sur le réel : mais, ses efforts et ses espoirs restant
vains, il est amené à le déformer afin d’essayer de le
comprendre, de l'exprimer, de le fuir peut être, de trouver une
issue - La Poésie ? La Mort ? Le Monte-plats ?
Pinter heurte les préjugés profonds en traitant le subconscient
de ses personnages. Il donne de l'individu social une image
ambigüe. Aveugle vis-à-vis de la réalité, le personnage
« pinteresque » est enfermé sur lui-même, prisonnier de son rang, déformé par le mensonge. Il s'accroche à son masque
mais se laisse envahir par ce qu'il refoule au plus profond de
lui-même. C'est alors qu'il se trahit. Pinter joue avec lui. Il met
un temps. Un silence. Suspend l'action quelques instants et
met en exergue la vérité. Le temps passe. De quoi est-il habité
ce temps ?
Le spectateur peut maintenant entrevoir les convulsions de
Julie, la lutte intérieure de Lambert, le doute de Russel, la
jalousie de Prue, la crise du serveur... Ce qu’ils croient être leur
réalité est sans cesse bousculé par une fragmentation de type
cinématographique car elle se rapproche de la construction
des rêves (séquences sans lien logique, qui se terminent de
façon abrupte).
Ce sont des visions que l'on a dans les cauchemars d'enfant, des
peintures de Bacon, des reflets dans un miroir déformant, des
visages à travers un verre de vin qui me viennent à l'esprit.
Par Olivier Pansieri
vendredi 31 mai 2013
Par Philippe du Vignal
mardi 12 mai 2009