: Art, vérité et politique d’Harold Pinter
C’est en 2005 que fut prononcé ce discours passionné et
courageux. Discours d’un homme “ véridique ”, soucieux de
rétablir quelques vérités sur la politique étrangère américaine
et ses nombreuses agressions dans le monde depuis l’aprèsguerre,
et sur le rôle complice de la Grande-Bretagne et ses
fausses informations disséminées dans la presse avant et
pendant la guerre en Irak.
Comment s’étonner qu’une telle voix se soit élevée ? Art, vérité
et politique ont toujours été au coeur du théâtre de l’acuité de
Pinter. Et si, comme il le rappelle, la création demeure un
processus complexe et insaisissable à l’auteur lui-même, en
revanche, en tant que citoyen, celui-ci se doit de chercher et
de faire la part entre le vrai et le faux – alors qu’au théâtre ce
sont la langue employée, l’intrigue et les personnages qui se
chargent de découvrir les vérités humaines et sociales.
Ce thème de la responsabilité qui incombe à l'artiste – celle
de rechercher et de représenter la vérité – marque, dans ce
discours, la transition entre les remarques de Pinter sur l'art
dramatique et celles concernant l'histoire et la politique.
Au sujet de la politique, il constate que pour « maintenir
(le) pouvoir il est essentiel que les gens demeurent dans
l'ignorance », les gouvernements développent alors des
méthodes de propagande sophistiquées dans lesquelles
les médias jouent un rôle prépondérant. C’est la raison
pour laquelle, dénonçant les désastres occasionnés dans le
monde par des politiques cyniques ne visant qu’à assurer à
des Etats criminels de plus juteux profits, il en appelle, ce 13
octobre 2005, à un sursaut des citoyens. Conscient que la
plupart des hommes sont sur le point de perdre leur «dignité
d'homme», ayant lui-même représenté dans ses pièces
la cruauté qui peut les animer, leur esprit de domination, il
interpelle une dernière fois notre raison afin que nos régimes
politiques ne se donnent plus en exemple de la sorte mais
soient au contraire déterminés à être ce qu’ils prétendent être,
à savoir, de véritables démocraties.
Pour Art, vérité et politique, j’imagine une loge de théâtre dans laquelle un interprète au sortir d’une représentation viendrait se démaquiller. Il entamerait devant nous ce qui pourrait être la répétition de son allocution lors de la cérémonie de remise de son prix Nobel.
Stéphane Laudier
Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné,
Je me connecte
–
Voir un exemple
–
Je m'abonne
Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.