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Avant la retraite

+ d'infos sur le texte de Thomas Bernhard traduit par Claude Porcell
mise en scène Agathe Alexis

: A propos de la pièce

RUDOLF Höller, ancien officier nazi reconverti en respectable président de tribunal, s’apprête à prendre une retraite bien méritée au terme d’une carrière exemplaire au service du droit et de la justice. Sous le vernis d’honorabilité bourgeoise, cependant, sommeille encore la bête immonde. C’est ainsi que chaque année, le sept octobre, il endosse son plus bel uniforme pour fêter dans le secret de son appartement l’anniversaire du Reichsführer SS Heinrich Himmler, lequel fut, faut-il le rappeler, l’organisateur méthodique des camps d’extermination. Dans cette sordide mise en scène clandestine, qu’il orchestre comme une «conjuration», avant que ne vienne le temps où, il n’en doute pas, il pourra le faire « au grand jour devant tout le monde », il revit dans une extase teintée de paranoïa l’époque héroïque où il était commandant de camp, entraînant sa soeur – et amante – dans un duo d’amour-haine proprement hallucinant. Cette grande plongée orgiaque dans le passé pourrait donner lieu à un bonheur sans mélange, n’était la présence violemment réprobatrice de sa seconde soeur, paraplégique, qui les observe, enfermée dans son silence sacrifié. En d’autres temps, on l’aurait « tout simplement gazée », mais pour l’heure on se contentera de lui raser la tête et de lui faire endosser une veste de déportée, afin qu’elle tienne le rôle qui lui revient dans cette insupportable mascarade. Que l’on n’attende ni retenue ni mesure dans cette pièce de rage et d’imprécation, traversée de bout en bout par un humour ravageur. Sous-titrée «comédie de l’âme allemande», c’est sur le mode du grand guignol et de la danse macabre qu’elle fouille au couteau dans les recoins les plus nauséabonds de la bonne conscience et de l’hypocrisie d’une société toujours travaillée par ses vieux démons. Construite comme une partition de musique répétitive, servie par une langue obsessionnelle, elle ne se contente pas de démasquer, ce qui serait trop naïvement optimiste, mais démontre qu’un masque peut en cacher un autre derrière lequel l’humain est tout bonnement introuvable. Parfois, on s’attend au pire, mais on a tort, car il s’avère que c’est encore pire.

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