J’ai choisi d’écrire du théâtre car c’est aujourd’hui l’art à travers lequel j’arrive à envisager une communication avec l’autre. Pour moi, les instants que nous passons ensemble au théâtre, à regarder, à écouter, à ressentir une pièce sont des moments uniques. Il y a peu d’espace aujourd’hui où il est permis de se réunir pour penser ensemble. Le théâtre est pour moi le lieu de tous les possibles. Un lieu où la censure ne s’exerce pas.
Ecrire un théâtre d’aujourd’hui, en rapport avec les sociétés qui nous entourent me paraît nécessaire. Il ne s’agit pas d’écrire du théâtre « engagé » mais de porter sur scène des problématiques contemporaines. Mon souci est de le faire avec assez de légèreté et de détachement pour créer des situations absurdes et drôles. À travers l’humour interroger ce qui nous bouscule profondément.
« Beyrouth Adrénaline », ma précédente création, aborde les thèmes de l’identité. Des personnages, perdus au milieu d’une guerre civile, entre Paris et le Beyrouth en flammes des années 80, s’interrogent sur leurs engagements et leurs raisons de vivre.
Chacun regarde le conflit à sa manière, et personne ne le vit de la même façon. Alors qu’ils subissent les mêmes évènements, chacun des personnages réagit avec ce qu’il est, avec son identité propre.
« Apprivoiser la panthère » est un projet d’écriture qui se construit dans la continuité de la réflexion que j’ai amorcée avec « Beyrouth Adrénaline ». A partir d’un travail d’improvisations et de recherches, nous nous étions plongés au coeur du quotidien de deux familles prises dans la guerre civile. Avec « Apprivoiser la Panthère » nous chercherons à décortiquer et à faire vivre les mécanismes qui conduisent à de telles guerres. Nous le ferons en écrivant sur le fil ténu qui sépare la dérision du tragique. Je veux toucher au plus près des contradictions humaines. Que le public, mis en face de paradoxes éclatants, s’approche de sa part d’ombre. Qu’il s’interroge sur les limites de sa propre tolérance.

Hala Ghosn