Dans une salle de théâtre assis dans son fauteuil rouge, le spectateur peut admirer sur scène la façade d’une maison mal foutue. Cette façade de la hauteur du théâtre, ne laisse devant elle qu’une mince partie du plateau, pas plus large qu’une rue. Il y a une porte et des fenêtres. Ce décor qui se veut imposant, et peut être oppressant, respire l’immobilité paisible d’un village de campagne : murs opaques qui suintent la tourmente des corps. Murs fantasmagoriques. Qui y a-t-il derrière ? Qui y a-t-il au dedans ? L’actrice surgit entre le dedans et le dehors. Ses affaires de famille mises en vrac pour dire les mots, comme l’explique Catherine Hiegel : « Dans l’écriture de Philippe Minyana, il n’y a pas moyen de se cacher et il semble toujours, même de face, que l’on nous voie de dos ». Il y a Regardeur 1 et Regardeur 2 qui incarnent notre désir de voyeurisme. Et oui ils sont là, toujours à l’affut de quelques poussières d’intimité, pour se divertir, et oublier au fond, des sarcasmes leur condition de clown social.