Le théâtre est un lieu possible du rassemblement de tous les arts, comme le disait Kandinsky. J'adhère totalement à cette envie. De plus cet art est éphémère et en cela il réussit à échapper aux collectionneurs, aux marchés, aux galeries, aux commerces sinon aux subventions.

L'actualité nous prouve que cette liberté d'expression est remise en question chaque fois que les mots dépassent un sens communément accepté par les média des uns ou des autres. Le théâtre en France est dans une crise d'autocensure dangereuse et soporifique. Un écrasement de cette fenêtre fera bientôt ressembler notre cadre de scène à une petite lucarne poussiéreuse. Ce silence volontaire peut provoquer un détachement de l'intérêt général comme une imposte délabrée se détache d'une blessure qui cicatrise en laissant place propre et nette. Sortons de ce musée aseptisé ou nous sortirons de ce musée aseptisés et sages, lobotomisés, et silencieusement.

Cette blessure qu'est la création, cette liberté fondamentale d'expression, cette émotion inattendue et provocante, ce jeu des mots, sont dans ce théâtre que j'aime.

Frédéric de Rougemont