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Si bleue, si bleue, la mer

mise en scène Leyla-Claire Rabih

: Présentation

Darko grandit dans un quartier où les gens n’ont pas de travail, peu d’éducation, et encore moins l’espoir. Ils passent leur temps à boire ou bien à se jeter par les fenêtres : le suicide ici est plutôt une question de temps. Mettront-ils des mois, des années ou seulement quelques minutes à franchir le pas ? Darko a bien conscience que la détresse de son quartier n’est pas normale en Allemagne aujourd’hui. Dans ce paysage en béton, on ne voit aucune étoile dans le ciel. Est-ce un effet de l’alcool ? Darko lui-même boit à s’en rendre malade, à s’en faire exploser le cerveau, à en manquer d’air, à en perdre ses dents et oublier son nom. Jusqu’au jour où arrive Mok, belle comme un morceau de ciel, la peau constellée de cicatrices. Mok a un projet : mettre de l’ordre. Mok a un rêve : partir très loin, là où la mer est si bleue. Pour Darko, tout va changer. Il découvre un sentiment nouveau : l’espoir. Tout à coup tout est différent et une seule chose importe : partir. Ensemble, Darko et Mok osent rêver l’inimaginable.


« Pourquoi choisissez-vous de raconter des histoires aussi dures ? » me demandait une spectatrice récemment. Un adolescent raconte ici son désespoir alcoolique dans une cité où tout avenir lui semble refusé. Mais si l’environnement que décrit Darko est d’une noirceur désespérée, son récit a la force d’un acte de résistance et révèle une extrême vitalité. La rencontre avec une jeune fille va ranimer en lui une tentation de vivre. Cette fulgurante confrontation le sauve de la capitulation et du suicide, elle bouscule ses représentations, l’invite à se libérer des plus lourds secrets de famille, mais surtout elle introduit un élément inattendu dans son existence : l’espoir. L’espoir rime ici avec lucidité et désillusion. Ici l’espoir n’est pas seulement, comme il le déplore, «un prolongement de la douleur », il est une façon de s’arrimer à l’existence. Coûte que coûte. Darko est ici la clé de voûte de la pièce mais autour de son récit s’organise un récit collectif. L’écriture alterne récits et dialogues à travers une forme singulière entre langue prosaïque et échappées poétiques. Le groupe de comédiens est acteur de la narration. Nous avons choisi un univers en construction pour asseoir ce texte, pour étayer ce récit. La scénographie est en effet constituée d’une structure en aluminium qui se monte au fur et à mesure du spectacle. Cette construction peut être métaphore de la cité, des barres d’immeuble que l’on érige et démolit, elle peut évoquer une sorte d’organisme vivant, à l’image d’un insecte démesuré ou d’un humain désaccordé comme le sont les personnages mais elle est surtout métaphore du récit, de la mise en oeuvre de leurs espoirs les plus fous.

Leyla-Claire Rabih

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