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Premier amour

+ d'infos sur le texte de Samuel Beckett traduit par Samuel Beckett
mise en scène Yves Gourmelon

: Notes sur la scénographie

En donnant Premier amour de Samuel Beckett, en 2005 dans le cadre des «Imprévus» au Chai du Terral, il s’agissait pour moi de faire du théâtre sans les étapes habituelles du travail théâtral, d’éliminer le temps des répétitions et de lui substituer un simple temps de préparation. Plusieurs raisons m’ont poussé à aborder cette démarche : j’avais la volonté de remettre en question la manière que j’ai de faire du théâtre, de mettre en scène et de jouer.


Pendant plus de vingt ans, j’ai toujours tout fait pour présenter des spectacles qui, malgré les nombreuses imperfections, prenaient une forme définitive avant même la présentation au public. Un jour, l’objet théâtral était déclaré fini parce que la pièce devait être présentée le jour dit, et qu’on devait être prêt, et montrer un travail abouti. ou prétendu tel, malgré les doutes et les approximations. Le public devait assister à une représentation aux contours bien définis.


Aujourd’hui, après des années de pratique, j’ai repéré que derrière cette manière de faire se cachait une peur inconsciente de la forme essai.


J’ai voulu avec cette approche nouvelle et simple à la fois, renouer avec le risque artistique, aller voir du côté d’une certaine incomplétude. Pour me guider dans cette démarche tâtonnante, j’ai demandé à Alain Béhar, metteur en scène et écrivain habitué aux «tangentes» et aux «impasses» productives de faire avec moi un bout de chemin. Cette approche veut soumettre à la question ma pratique de metteur en scène, d’artiste, mais elle voudrait aussi interroger la place du public.


J’ai l’intuition que l’inachèvement de la représentation peut créer une tension dynamique, et favoriser une interaction entre le plateau et la salle. Aujourd’hui le théâtre, face au déferlement de l’image enregistrée, doit chercher des formes en rupture, avec cette domination. C’est seulement ainsi qu’il pourra garder une place singulière.


J’ai abordé ce récit de Beckett en tâchant de m’approcher le plus possible de la nature du texte, de l’extrême fragilité de l’expression, du manque qui est en son coeur.


(…) Dans ce récit qui inaugure une démarche littéraire, l’auteur manifeste une présence au monde somnambulique, il montre une mémoire événementielle incertaine, amnésique, une confusion dans les enchaînements des faits de sa propre histoire, un oubli singulier de la réalité. (…) La difficulté sera de garder pendant toutes les soirées le manque du premier soir, de toujours oublier.

Yves Gourmelon

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