Dans ma mise en scène de Partir pour ne pas dormir, je souhaite faire entendre la voix de Paul. Voix fragiles, drôles, tendres, colériques, celle d’un jeune homme de 24 ans encore plongé dans l’adolescence, qui parfois replonge dans l’enfance et qui se confronte à Mila, sa marraine (personnage suggéré par la présence d’une chaise sur scène).

Par des aller/retour incessant de Paul enfant et adolescent, je m’attache à la relation entre Paul et Mila à la fois conflictuelle, contradictoire, faite d’amour (ambigüe), de manipulation, d’attirance, d’envie, de souffrance, de rejet, de jeu … Le jeu par les aller/retour de Paul à 10 ans et lorsqu’il a une vingtaine d’année. Paroles et jeux de l’enfance pour donner vie et corps aux maux qui l’habite avec l’utilisation de Troie, clown cruel qui mange les hommes et qui se glisse dans l’histoire des adultes pour en démasquer les mensonges, du personnage de Mila préfigurée par une marionnette que Paul utilisera pour rompre les silences de celle-ci, lourds de sens, de la boule sur laquelle Paul se hissera en équilibre pour percevoir la fragilité et le danger de la situation, de la danse parfois tendre et/ou sauvage pour renforcer la solitude de ce personnage mi enfant/adolescent, en voie d’apprentissage vers l’âge adulte, l’âge ancré dans la terrible réalité des mensonges …

Donner corps à leur parole, à leur silence pour donner à voir une vérité plus organique, plus intime.

Sur le plateau, peu d’accessoire de jeu : La chaise de Mila comme point de fixation et de confrontation, une autre chaise et une table.
Une lumière avec ses parts d’ombre.
Une musique du présent, une musique du passé.
Pour deux solitudes, deux êtres en souffrance liés par un mensonge tragique qui bouleversera leurs vies.

Hanicka Andres