L'écriture d'un roman est une entreprise dont l'aboutissement s'éloigne à mesure que l'on s'y investit... J'ai mis plus de quatre ans à écrire "Parle à mon sexe mon cœur est malade".

Et, au détour d'un spectacle, à savoir la lecture d'un des romans de Lasha Boughadzé organisée à la maison d’Europe et d'Orient par Clara Schwartzenberg ; j'ai été touché, voire séduit. J'ai vu qu'il était possible d'adapter un roman sur scène, avec succès.

Ainsi j'ai adapté ce manuscrit comme un tentative d'incarnation du roman. L'oralité du théâtre et le mutisme de la lecture du roman ne sont pas confiscatoires, ou hermétiques. La mise en voix d'un roman est une forme de narration, dérivée mais différente du théâtre et du roman, qui renoue avec l'origine du 'dire' ; ou qui au moins renouvelle la relation auteur-comédien-public. Retrouver la simple et naturelle narration d'une histoire, comme l'Homme l'a fait depuis des millénaires : d'où les termes de "mise en voix". Un roman de fait, n'est pas conçu pour être dit mais lu. A l'acte de lecture artificiel et complexe du lire on privilégie ici le dire ; et c'est un dire plus raconté plus qu'il n'est joué... c'est à dire plus en vérité ?

Dans "Parle à mon sexe" nous suivons les aventures porno-tragiques d'un non-héros, victoires et déboires, sa construction en opposition radicale d'avec l'humanité... Je voulais faire le constat de l'empire du sexe en général, et dans nos sociétés occidentales en particulier :

Les hommes (SEXE), les femmes (SEXE), la guerre (SEXE), la faim (SEXE), la drogue (SEXE), l'argent (SEXE), la mort (SEXE), la mort (SEXE)...

"Parle à mon sexe" est le manifeste d'une génération fatiguée de sexisme, énervée d'injustices, repoussant son accablement jusqu'au cimes...