Dans l’épure du plateau, un sol suffit pour définir l’horizon. En ce lieu, nous nous étonnons de la vie qui vacille. L’être se tient à ce qu’il peut, fragile, chancelant, en relation avec les forces invisibles. Rien ne va de soi. C’est la solitude humaine qui est en scène, pourtant peuplée de puissances qu’il s’agit de sonder. Seul sur sa planète, ce corps interpelle l’immensité par le mouvement et la voix qui l’accompagne. Il vient arpenter ce rectangle, éprouver les limites du cadre. Il se renverse dans un coin, s’allonge, se soulève, se détache du plan du sol. Il s’arrache.

Par les bords est une interrogation existentielle, entre ciel et terre. A l’échelle de l’intime et des émotions qui débordent. Un être agi de ses propres contours, par les bords. Figure de celui ou celle qui doit partir et finira bien par arriver quelque part, en périphérie de soi-même.

“Il m’est apparu nécessaire d’évoquer le sort des personnes au bord de leur propre existence qui doivent quitter leur environnement où il n’est plus possible de se tenir. Celui ou celle qui en franchit les limites au péril de sa vie. Celui ou celle qui avance et cherche à retomber sur ses pieds pour réinventer un nouvel équilibre. Quand le sol se dérobe, quand le ciel nous tombe sur la tête. Quand la catastrophe nous impose la migration, à quoi encore tenir ?”

Renaud Herbin