Après avoir exploré la famille dans sa vie quotidienne, après avoir disséqué ses affections, ses guerres internes, ses jeux de ruptures et de filiations, nous choisissons de nous pencher sur la famille dans sa théâtralité même. Et à quel moment, sinon lors d’une noce, se met-elle en scène de façon si évidente, cherchant à se réinventer dans une image idéalisée d’elle-même ? Nous parlons bien ici de noce, de cette journée de festivités qui accompagne un mariage et non du mariage en lui-même. Ainsi le titre du spectacle repousse tout effet de suspense sur l’union : ici pas de questionnement sur le fait que les fiancés vont ou non s’engager. D’entrée de jeu, la question est évacuée : ils se sont bien dit « oui ! » Là commence notre sujet. Là commence le théâtre. La noce se présente alors comme un prétexte à travailler sur les comportements familiaux lors de cette exposition semi-publique de la vie privée, une quintessence des relations qui se jouent au sein d’une famille. Lors de cette journée, la famille est confrontée aux jeux des représentations sociales et la noce devient une sorte de miroir déformant qui augmente et met en exergue les rapports déjà présents et à l’œuvre dans le quotidien. Un moment où l’on se promet de mettre de côté les rivalités, les différents mais où ils réapparaissent irrémédiablement. On se voudrait, ce jour-là, plus beaux, plus généreux, plus unis qu’à l’ordinaire. En est-on capable ? C’est une autre affaire. Travailler sur le cliché, certes (dans la mesure où c’est souvent lui qui nous rassemble), mais surtout le déconstruire, surprendre, et amener les spectateurs à s’interroger sur leurs propres représentations et leurs propres mécanismes. Les spectatrices et spectateurs sont immergé·es dans les étapes des cette journée de noce comme s'ils et elles en étaient les invité·es et vont vivre au plus près cette expérience, depuis la sortie de la mairie jusqu'aux dernières notes de musique sur la piste de danse du bal.