RÉSUMÉ

Une actrice et sa mère assistent à la dernière création d’Ivan Bogdov. Il y a un attentat. Tout le monde meurt, sauf l’actrice. Prise en étau entre un Inspecteur et un Docteur, elle raconte. Désordre de la pensée et des mots, tout se répète et se brouille. Elle retrouve les morceaux et le spectateur les recolle. S’entend alors sa vie, ses rêves, sa folie, ses traumas. S’entend ce qu’elle conserve de cette tragédie. Elle raconte et en racontant elle continue de nous perdre. Et si tout cela n’était qu’un jeu ? Une mystification ? Si, sans nous en rendre compte, nous étions engagés dans le processus créatif de la dernière création d’Ivan Bogdov. Le théâtre s’abîmant dans le théâtre pour à nouveau le questionner, le célébrer.

MOTS DE L’AUTEUR

Un peu comme je le fais dans mes mises en scènes et dans toutes les pièces que j’écris, j’ai décidé, une fois encore, de déformer le processus narratif. Ici, plusieurs entrées sont possibles. À la manière de Francis Bacon, dans Nina, j’ai entrepris un travail de défiguration. De la même façon que lui peint une figuration qu’après il défigure. Ce n’est pas juste par jeu ou pour le plaisir de perdre le spectateur, non, je défigure l’histoire pour faire naître du trouble. Plutôt que de saisir le spectateur par le sens, je veux d’abord le saisir par les sens, par la sensation. J’entreprends avec lui une relation viscérale, un corps à corps, ou, pour paraphraser Francis Bacon, le lien que je veux tisser avec le public est un lien de système nerveux à système nerveux. Nina est une invitation au voyage. Un voyage imaginaire, sensitif, sonore. Parce que cette relation de système nerveux à système nerveux va venir réveiller toute une mémoire enfouie dans le corps du spectateur. C’est depuis cette mémoire que des histoires vont naître. Le spectateur ne se laisse plus conter, il compose. Il est actif. Depuis sa mémoire, depuis son expérience. Prenant appui sur ce qu’il voit et sent il se raconte des histoires. Comme Nina.