"NOUS, LES MODERNES, CE QUE NOUS AVONS DANS LE COEUR FERAIT SAUTER UN FORT" Arthur Cravan

LA METTEUR EN SCÈNE EN PARLE

J’étais dans le désir d’accompagner au coeur du festival d’Avignon la figure du poète en état d’insurrection.

J’ai trouvé en Arthur Cravan les éléments qui permettaient de faire entendre ce cri. Il se trouve être à l’aube du XXe siècle, à la pointe de bien des avant-gardes par son refus obstiné des normes et des conventions. Il provoque et interroge tous les acteurs de son époque avec une telle rage de vivre… Il remet ainsi en cause toute forme d’autorité. Il écrit en 1917 ce joyau qu’est Notes, texte resté inachevé, au gré de ses errances et de sa fuite, jusqu’à sa disparition mystérieuse – son corps n’ayant jamais été retrouvé. Ses oeuvres sont, à n’en pas douter et même s’il récuserait le mot, inestimables.

Toute cette trajectoire fulgurante avec l’incessant mouvement et le déplacement du corps pour moteur a créé le sentiment d’un devoir de mener jusqu’à la scène cette voix, afin de défendre ce geste poétique transformé en coup de poing salvateur contre les formes de posture et d’imposture.

Cette démarche nous amène alors à nous interroger, observer toutes les contradictions et fustiger tout ce qui peut être de l’ordre d’un rapport à la vie étriqué et bourgeois.

Il était essentiel de faire vivre cette langue d’une absolue poésie au travers d’un parcours qui emprunte à la correspondance, au poème et à la critique littéraire. La matière textuelle est riche, et elle permet de voir la matérialisation d’une pensée profonde.

L’objectif : en découdre avec le vide en soi et autour de soi. Avec l’innombrable qui nous habite. Donner à voir au monde au spectateur ce qu’est l’état de poésie. D’être en poésie avec la vastitude. Que le souffle d’Arthur CRAVAN puisse au coeur de notre époque faire naître le désir de s’engager plus avant dans l’aventure de vivre.