Pour le mariage d’Elisa et de Gustin, une tente a été dressée ; on se congratule, on trinque, certains se bousculent autour du photographe. Ils sont presque tous là : la grand-mère de 90 ans, les parents, les témoins, un ami. Cérémonie un peu guindée, pas trop chic, comme il se doit, éphémère, dont il faut garder à tout prix sur la pellicule une image de bonheur.

Sans pathos, avec brutalité, la plume tendre et acérée de Denise Bonal transcende le présent et projette les personnages dans l’avenir. Dans le cliquetis des coupes de champagne, on apprend la chute de Diên Biên Phu, une autre guerre se profile. Lucas, le fils cadet, partira en Algérie.

Faut-il s’indigner ? De quoi demain sera-t-il fait ? Les amours naissent et se bousculent à l’égal des empires coloniaux.

Pourtant les tortues viennent toutes seules. Au-delà d’une comédie drôle et souvent cruelle : l’orage est dans les têtes. Il succède au plein soleil. Tous nos personnages de la photographie seront emportés dans ce qu’une chanson appelle Le Tourbillon de la vie.

Jean-Louis Martin-Barbaz