J’imagine une traversée teintée de retenue et de voracité. Je mise sur l’humain, je voudrais m’emparer des sentiments qui habitent les protagonistes et les mettre en lumière. Les enjeux sont ; la pénurie des perspectives chez les jeunes en Afrique, le danger et la marchandisation des routes clandestines, la corruption, la mort des migrants en Méditerranée, les tensions familiales. L’auteur se positionne comme celui qui connaît intimement ceux à qui il donne la parole. La profondeur et la complexité de la nature humaine sont au cœur de son écriture. Il nous prend par la main et nous amène dans un monde peuplé de survivants et de morts. C'est comme un guide une nuit sans lune. Au début, il nous éclaire avec une petite lampe de poche, puis petit à petit, il nous fait pénétrer dans les ténèbres. Cependant, sa bienveillance nous fait sourire parfois, c’est peut-être ça le phare, la lumière qui brille au loin. Sédjro ne découpe pas la pièce en scènes, il utilise le mot mouvement, au pluriel, un synonyme de remous ; un tourbillon qui se produit à l'avant et à l'arrière d'un bateau en marche et ces mots me donnent la sensation rythmique avec laquelle je pense cette mise en scène.