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Les Géants de la Montagne

mise en scène Marie-José Malis

: Présentation

Le magicien Cotrone et sa troupe de « Guignards » vivent à l’écart du monde, dans une villa où les pouvoirs de l’imaginaire, de la magie et de l’irréel ont toute la place. Ils y accueillent la troupe de théâtre de la comtesse Ilse, ruinée et rejetée après l’échec de La Fable du Fils Substitué que la troupe cherche à jouer en dépit de tout. Cotrone propose aux acteurs de répéter et de représenter la pièce au sein de la villa, en s’appuyant pour la comprendre sur les forces imaginaires du lieu, mais la comtesse refuse et affirme que la pièce ne peut se contenter d’un lieu ainsi retranché et doit être jouée devant le public…


On connaît le spectacle de Kantor intitulé Qu’ils crèvent les artistes ! Avant de mourir, Pirandello a imaginé une fable théâtrale inachevée dont le dénouement semblait pourtant conduire au massacre d’une troupe de comédiens par le peuple. Dans ce « mythe », c’est ainsi qu’il le nommait, l’Italien préféré de Marie-José Malis concentrait toute la demande qu’il adressait au théâtre : qu’il soit serviteur d’une autre idée et pratique de la réalité. Le mythe concentre toutes les questions en souffrance de notre civilisation moderne : qu’avons-nous fait de la réalité ? Pirandello, et Kantor aussi, étaient des modernes suprêmes, pour eux le matérialisme et l’athéisme conquis par notre civilisation, loin d’être en défaut, étaient une promesse infinie : que toutes choses, autrefois dites spirituelles ou irréelles, ou de rebut, ou non advenues ou défuntes, dieux et demi-dieux, légendes, lépreux éternels, violences du vivre amorales, formes insensées des désirs et appels de l’homme vers son vide, angoisses et tragique insaturables, toute chose soit accueillie dans la réalité, dans la matière, en change la définition et la pratique, l’élargisse, sans peur, sans avarice, sans anathèmes. Pour une paix nouvelle, une joie des limbes, par-delà les limites de l’humain, qui n’est jamais que cette danse autour de son vide. Cela était demandé aux artistes les premiers. Mais qu’ils crèvent si eux aussi y font défaut. Qu’ils crèvent par la main de ceux dont la dignité est un excès, un intrus, une autre réalité plus grande qu’elle dans les calculs du monde. C’est autour de cette question que Marie-José Malis nous annonce vouloir articuler son dernier spectacle : mais pourquoi ces géants de l’art ont-ils imaginé à la fin de leur vie, que pour l’heure, il se pourrait bien que les artistes doivent « crever » ? Cette question si belle, c’est une folie de plus, une fantasia obstinée, une volonté de ne pas mourir sans avoir cherché plus loin, le sur-réalisme de plain-pied qu’est le théâtre. Car comme on le dit souvent en répétitions : mais tu y crois ou non ? Croire en toutes choses au point d’y donner corps, c’est le programme : la suprême bêtise et la joie à trouver, du théâtre.

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