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Le Suicidé

+ d'infos sur le texte de Nicolaï Erdman traduit par André Markowicz
mise en scène Anouch Paré

: Présentation

Comme un pied de nez à la bêtise et à la peur.


Comme un pied de nez à la bêtise et à la peur.


La bêtise qu’Erdman diffuse avec une certaine tendresse dans ses personnages. Celle, dangereuse et cruelle qui a censuré Le Suicidé, contraint l’auteur au silence, l’a envoyé en exil, et assassiné Meyerhold, son premier metteur en scène.
Et la peur ! Celle qui finit par asservir l’individu pensant, qui lui clôt la bouche et lui fait perdre toute estime de soi, qui par des procédés insoupçonnés le plonge dans la dépression et la dépréciation, l’occulte à lui-même et l’anéantit. Quand cette peur est assimilée par toute une société, sourdement, c’est toute une société qui se replie et peut manifester la plus dangereuse bêtise, n'importe où et à n’importe quelle époque.


Il y a l’élan vital qui conduit à la Révolution d’Octobre puis au régime totalitaire qui va l’étouffer, mais ce cadre historique ne peut être que fantasmé : nulle reconstitution historique, même pour mémoire, n'est envisagée au plateau. En revanche, la dangerosité des rapports que provoque un tel régime, le désespoir qu’il engendre, l’impuissance qu’il procure, sont des notions qui nous guident.
Elles nous permettent de saisir les accents tragiques de la pièce ainsi que ses élans comiques, ses échos aujourd’hui et sa vitalité. Elles nous rappellent que l’horreur, la tragédie et la bêtise ne sont pas l’apanage de la fiction. Le rire alors, devient salvateur, parce qu'il est une marque de discernement et de vie.


Erdman se saisit de cet homme : au chômage, indécis, perdu dans un monde d’indéterminisme, ou plutôt de déterminisme confus, exclus sans doute, un peu pleutre, un peu odieux, un peu enthousiaste, et fait de son cadavre "possible", le centre de toutes les actions. Le cadavre à venir est le véritable héros ; l'acte supposé à venir, -le suicide- le moteur de toute une société orpheline de repère.


Et voici : pas de réponse claire et édifiante d'Erdman, qui semble offrir seulement sa comédie comme un terrain de jeu, et, entre deux vérités désespérantes, souffler aux comédiens : jouez, amusez-vous bien, montrez-leur comment vous prenez plaisir à jouer, faites-leur plaisir.


Anouch Paré, novembre 2006

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