Ici, une île. Là, une forêt. Dans La Tempête, Prospero, duc de Milan déchu par son frère, se retrouve sur une île déserte ; ses livres lui confèrent alors des pouvoirs magiques qui lui permettent de maîtriser les éléments et les esprits de vie et de mort. Le Songe d’une nuit d’été met en scène les histoires croisées de deux couples d’amants, que viennent confondre et désunir des interventions magiques. C’est cette omniprésence de la magie dans les deux contes que Marie Lamachère a souhaité donner à incarner à onze actrices et acteurs de la Bulle Bleue, en les associant à dix acteurs et actrices de sa propre compagnie. Servies par une traduction inédite, signée Joris Lacoste et Julie Etienne - qui, privilégiant la dimension ludique des textes à la versification, offrent un grand vent de liberté à l’interprétation -, les scènes révèlent la singularité de ces actrices et acteurs. Ainsi leur jeu met-il en relief, à rebours de l’effet de puissance, la part de vulnérabilité du magique, dans une scénographie symbolisant un puzzle d’espaces mentaux. Car il s’agit des failles, des fosses, des craquements, des montagnes de perceptions et de sensations, de celles qui ne coïncident plus avec le dicible ou le compréhensible ; c’est un décollement, un flottement de l’émotion qui vient troubler, en écho, les perceptions des spectateurs.