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La Mastication des morts

+ d'infos sur le texte de Patrick Kermann
mise en scène Eva Vallejo

: Présentation

Une polyphonie de l’au-delà


C’est en visitant un petit cimetière de la campagne française que m’est venue l’idée de construire une « polyphonie de l’au-delà » en redonnant la parole aux centaines de défunts enterrés depuis un siècle à Moret-sur-Raguse, village symbolique inventé de toutes pièces...
Mais avant d’en arriver là, j’ai fait un tour de France des nécropoles rurales et j’ai réuni un ensemble de noms aux consonances bien françaises afin d’exclure tout exotisme. Hormis la géographie, purement imaginaire, du village en question, tout ce que je raconte dans ma pièce est authentique, au détail près, petite histoire et grande Histoire entremêlées.


Notre époque est en train de perdre la mémoire à toute vitesse. Face à l'accélération de l'Histoire et de l'information, les événements du monde n'ont presque plus de réalité, de durée, de mémoire. Ils se succèdent si vite qu'ils n'ont même plus le temps nécessaire pour s'inscrire en profondeur dans notre conscience et, plus grave encore, dans notre inconscient.
Comment voudriez-vous qu'ainsi déréalisés et broyés, ils fassent mémoire?



La Mastication des morts est un oratorio in progress, c’est un travail sur le nombre et la mémoire, la petite mémoire fragile d’une multitude de voix qui s’inscrivent dans l’histoire d’une communauté.
Il s’agit, dans l’accumulation des habitants du cimetière de Moret-sur-Raguse, d’entendre la singularité de chacun, sa langue propre qui, surgie d’outre-tombe, par delà les corps, fait résonner en nous, morts en sursis, ces vivants d’un autre monde. Chacun de ces morts a sa langue individuelle, sa rhétorique spécifique. L’ensemble de ces formes d’expression accumulées constitue une vaste interrogation sur la langue, sur ce qu’il reste d’une langue incarnée, individualisée lorsque l’Histoire est passée par là.
De ce point de vue, La Mastication des morts est une joyeuse tentative de réconciliation avec la mort que notre époque évacue systématiquement. Elle répond également au projet de Jean Genet d’un théâtre implanté au cœur même du cimetière et qui s’adresse à des gens capables, au plus profond de la nuit, d’affronter un mystère.
Les morts que j’arrache momentanément de l’oubli en les mettant en scène ne connaissent ni la résignation de la tristesse, ni la brûlure de la plainte, ni horreur ni extase, ni enfer ni paradis.


Patrick Kermann




La musique de Bruno Soulier


Le sous-titre de La Mastication des Morts est « Oratorio in progress ». La musique s’inscrit donc tout naturellement (et pour la première fois depuis sa création en 1999 à la Chartreuse) dans l’interprétation de cette œuvre de Patrick Kermann, auteur également de livrets d’opéra. L’association très étroite de la musique et du texte caractérisant le travail de la compagnie, il y aura écriture d’un véritable théâtre-oratorio pour quatre comédiens (deux femmes et deux hommes) et trois musiciens (violon, guitare électrique et piano), tous amplifiés et faisant l’objet d’un traitement sonore spécifique, l’élément « micro » jouant un rôle prépondérant dans la mise en scène.
Toutes les ressources de la voix seront également utilisées (chuchotements, murmures, déclamations, chants,…) et l’idée de chœur (voix et instruments/lieu de passage incessant de la parole individuelle à la parole collective) rejoindra pour nous une fois de plus la volonté de développer une polyphonie moderne mêlant voix, mots, bruits et sons de la Cité.




La mise en scène d’Eva Vallejo


Micro
Gestuelle
Chorégraphie
Chœur
Costume
Noir et blanc
Lumière
Sol
Banc
Monument
Voix
4 comédiens, 3 musiciens, 1 sonorisateur


La mort aujourd’hui, la mémoire face à l’obsessionnelle actualité d’un monde contemporain. L’histoire, la nôtre, grande et petite, à travers les vies de celles et de ceux qui se sont tus.
Ce monde rural qui s’enfuit.
Ce passé qui nous constitue, fonde notre identité.
Ce théâtre qui fait parler les morts…
Un chœur de comédiens et de musiciens se fait ici l’écho de tout un village.
Chaque mort prend le micro en même temps que la parole pour s’évanouir aussitôt, réintégrant le chœur de la Cité.
Un chœur chorégraphié présent toujours sur scène fait de l’accumulation de ces voix et de ces gestes, mémoires de ceux qui ne sont plus.
Une lumière et un sol blancs : l’immatérialité d’un lieu improbable, d’où s’élève cette « fraternelle mastication » nous réconciliant d’avec les morts. Des musiciens et des comédiens pour bâtir ensemble un Oratorio in progress.

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