theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « L'Objecteur »

L'Objecteur

+ d'infos sur le texte de Michel Vinaver
mise en scène Claude Yersin

: Présentation

La pièce


À l'entrée du IIIe millénaire, Michel Vinaver vérifie une intuition persistante : L'objecteur, son deuxième roman, écrit 50 ans plus tôt, ne contiendrait-il pas aussi une oeuvre théâtrale masquée ? Constituée aux trois quarts de dialogues, la matière textuelle ne pourrait-elle pas éclore aussi sur la scène du théâtre ?


L'objecteur, « pièce en deux actes », publiée en 2001 aux éditions de l'Arche, est la réponse convaincante à ces questions.


Paris, 1950. La guerre froide divise le monde.


Julien Bême, un appelé, « objecte » : en plein exercice, il s'assied à même la cour, pose son fusil à côté de lui, et refuse de se lever. Coupable de refus d'obéissance, il est mis à la prison de la caserne en attendant sa comparution devant le Tribunal militaire. Mais, la nuit, les taulards ont l'habitude de faire le mur ; la hiérarchie ferme les yeux. Un matin, on constate que Julien n'est pas rentré dans sa cellule… et la machine se détraque.


Julien cherche refuge auprès d'un ancien professeur de lycée qui lui prête son vélo… Il rencontre Josseline et un amour naît…


Pendant ce temps, à la caserne, l'adjudant et le commandant de compagnie tentent de limiter les dégâts. Le colonel et le général prennent des mesures. La troupe s'interroge. Il faut un responsable : ce sera Pélisson, un jeune soldat qui se trouvait de garde la nuit de l'évasion. Le Peletier, un troisième soldat, ami de celui-ci, s'émeut et part à la recherche de Julien. Mais il n'a pas de permission…


Et simultanément, l'événement se répercute dans le monde civil : tel une pierre jetée dans l'eau, il provoque des remous dans toutes les directions… En 48 heures, des vies vont se trouver bouleversées, toutes sortes de gens vont se trouver entraînés ou se croiser de manière imprévisible : Monsieur Bême, le négociant en vin, Bernard Maillard, l'ouvrier mécanicien, Lecorre, le prof d'histoire, Wauthier, membre du Comité central du PCF, Coussac, le magnat du textile et de la presse, Constant, l'agent de police, membre du PCF, Edmonde, la jeune voisine au grand coeur, Olivier, le petit journaliste qui monte, Barboux, l'ancien de la Résistance, Madame Choyat, la libraire, et tant d'autres gens ordinaires du Paris de 1950…


Paris, 2000.


Mais un autre temps se plaque à celui-ci, le temps de la préparation du spectacle et de sa représentation sur le plateau du théâtre, cinquante ans après ; et voici que défile une autre série de personnages : auteur, metteur en scène, dramaturge, comédiens, machinistes, administratrice, croqués avec humour…


La pièce se fait ainsi de 99 morceaux qui s'enchaînent sans pause, 72 séquences qui déroulent le récit historique, et 27 intermèdes au présent, « sur le théâtre », au moment où il se fait.


De L'objecteur roman à L'objecteur pièce, il aura fallu des étapes formelles : Par-dessus bord, À la renverse, Portrait d'une femme, qui mènent à ce « montage d'éléments brefs, réfractaires les uns aux autres et leur mise en frottement ou en tamponnement. Un ensemble de juxtapositions primant sur le système d'enchaînements ». Et cependant, l'histoire qui se raconte, sans brouillage chronologique, fait rebondir l'envie de savoir ce qui vient après. « L'aspect tissage (ou contrepoint), l'aspect thème et variations, se combinent avec l'objectif récit », pour un nouvel état de l'écriture théâtrale de l'auteur.


Vinaver a toujours ancré son théâtre dans le quotidien, aux aguets du bruit du monde et des évolutions de la société. L'objecteur nous replonge dans une période cruciale, à la fois proche dans le temps (50 ans, c'est peu à l'échelle de l'Histoire) et si lointaine pour les «générations Ve République », tant le paysage s'est métamorphosé rapidement et profondément. Et pourtant, on ne peut guère comprendre la France d'aujourd'hui sans remonter aux grands clivages issus de la 2e guerre mondiale.


En ce qui me concerne, après Le courage de ma mère, après Portrait d'une femme et Comte Öderland, je reste fasciné par ce jeu avec les limites du théâtre qui consiste à faire porter plusieurs personnages par le même comédien ; le défi est ici poussé à l'extrême, puisque les 11 interprètes voulus par Vinaver, assument 72 rôles, dans un tournoiement qui entraîne le spectateur à prendre part au jeu, un jeu où sa complicité amusée est la condition d'un de ces plaisirs rares que seul peut offrir le théâtre.


Cette traversée de la société et des mentalités françaises est menée par Vinaver avec une alacrité de jeune homme, et son ironie aiguë, qui n'exclut ni l'émotion sensible ni le rire franc.


Claude Yersin




La Guerre froide
Quelques dates…


Peu après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les divergences s'accroissent entre les deux grandes puissances victorieuses, les Etats-Unis et l'URSS. Désaccords idéologiques (démocratie et capitalisme dans un cas, parti unique et collectivisation dans l'autre), rivalités (l'URSS a libéré l'Europe de l'Est et y maintient son influence, tandis que les Etats-Unis veillent sur l'Europe de l'Ouest), peur réciproque.


En 1947, un vrai " rideau de fer " traverse l'Europe : les Américains regroupent derrière eux et aident financièrement les pays de l'Europe de l'Ouest pour éviter leur contagion par le " péril rouge " ; l'URSS rassemble les pays de l'Est contre l'impérialisme américain. Cette division se traduit par la création d'organisations qui rangent le monde entier dans l'un des deux camps, ce qui entraîne d'importantes tensions : chaque camp diabolise l'autre, la propagande multiplie les accusations. Dans cette ambiance lourde éclatent plusieurs crises qui placent le monde au bord de la guerre.


En 1948, dans l'Allemagne divisée entre quatre zones d'occupation (britannique, américaine, française et soviétique), l'URSS déclenche un blocus de Berlin-Ouest, occupé par les Occidentaux. Les Etats-Unis répliquent par un pont aérien pour ravitailler la population de Berlin-Ouest. En 1949, la division de l'Allemagne en deux Etats est officielle : la RFA soutenue par les Etats-Unis à l'Ouest s'oppose à la RDA sous influence soviétique à l'Est.


En 1949, la victoire des communistes de Mao Tsé-Toung en Chine attise la Guerre froide en Asie.


En 1950, les communistes implantés au Nord de la Corée tentent de prendre le pouvoir dans l'ensemble du pays. Aidés par Mao Tsé-Toung, ils envahissent la Corée du Sud. Les Etats-Unis interviennent militairement. Pendant trois ans, ils affrontent les troupes du Nord soutenues par l'URSS et la Chine. La Corée, comme l'Allemagne, est finalement divisée en deux sur le 38e parallèle, avec au Nord un régime communiste et au Sud un régime protégé par les Américains.


En 1951, les USA conçoivent la Bombe H…

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.