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L'Espèce humaine

+ d'infos sur le texte de Robert Antelme
mise en scène Patrice Le Cadre

: Présentation

« C’est parce que nous sommes des hommes comme eux que les SS seront en définitive impuissants devant nous. C’est parce qu’ils auront tenté de mettre en cause l’unité de cette espèce qu’ils seront finalement écrasés. » extrait de L’Espèce humaine.


Avec L’Espèce humaine, Robert Antelme pousse à sa limite, la réflexion sur la volonté exterminatrice des SS. Il met en lumière ce paradoxe qui finit par avoir raison de l’entreprise des nazis : en cherchant à nier l’humanité des déportés et à prouver leur supériorité sur les autres hommes, les SS aboutirent à l’inverse à montrer la commune appartenance des bourreaux et des victimes à une seule espèce. Message à la fois intérieur et politique, L’Espèce humaine dépasse sa vocation de témoignage pour se constituer en méditation sur l’humanité réelle au paroxysme des camps. Il ne s’agit pas seulement des Juifs et des nazis, de l’Europe et du IIIème Reich, des années 30-40, il s’agit de l’espèce humaine, de son intégrité, ici et maintenant. En ce sens, L’Espèce humaine est un livre unique, d’une élévation de pensée absolue et d’une actualité redoutable. Car l’unité de l’espèce est à nouveau remise en cause. Un nouveau temps s’ouvre, on annonce de grands changements : mouvements de populations, rationnement des énergies, sacrifices pour tous. Ces sombres perspectives font puissamment ressurgir le réflexe enfoui mais jamais très loin, du repli sur soi qui nourrit les nationalismes extrêmes et toutes les formes de racisme. Dresser des murs, établir des quotas, organiser des tris humains, savoir qui peut être sauvé, qui peut entrer sur le territoire, etc. ; de la préférence à la hiérarchie, il n’y a qu’un pas. L’étonnant dans le rapport que Robert Antelme nous livre sur le quotidien des camps, ce n’est pas seulement que les détenus, dans leur long anéantissement, au paroxysme de la déchéance, et même privés de leur identité propre, aient tout-de-même conservé leur humanité mais aussi que les nazis aient cru, jusqu’au bout à leur propre mythe. Comment est-il possible de croire à ce point qu’un homme puisse être « autre chose » qu’un homme ? Sur quels fondements archaïques se construit ce type de croyance ? Quelle fable « géniale » a-t-il fallu imaginer pour convaincre un peuple entier qu’il avait le droit de disposer d’un autre peuple ? L’expérience historique ultime qu’est le camp de concentration est aussi, comme tout système d’exploitation ou d’asservissement, le prolongement d’idéologies, de visions de la relation de l’homme à l’homme. Il sera trop tard pour se le rappeler quand le pire sera arrivé ; serait-il possible d’élaborer en amont, une réflexion, une vision de l’humanité fondée sur le destin commun des peuples pour éviter le pire ? Pour éviter que nous n’arrivions plus à nous reconnaître dans le visage de l’autre ? C’est cette rupture absolue, absolument dérangeante, que Robert Antelme nous invite à interroger.

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