: Note d'intention
Hinterland est une véritable partition sonore, musicale
et poétique. Cette écriture « à fleur de peau » renoue
avec la fable et raconte le passage de l’adolescence,
état d’innocence, à l’âge adulte, le pays de la femme sexuée. Elle décrit les rouages et la mécanique du désir,
raconte l’enfermement.
Tout comme dans La centrale et La geste des endormis,
Virginie Barreteau questionne l’arrachement au pays de l’enfance en nous donnant des uppercut au ventre.
Pendant l’adolescence, deux terres s’affrontent, celle
du dedans souvent tourmentée et celle du dehors étrangère,
quelquefois incompréhensible.
La vie se manifeste dans le corps, ça pousse, ça pulse,
ça craque. Les petites peaux tombent, les voix muent,
c’est le combat entre le monde intérieur et extérieur. La
question des frontières, des glissements, de l’inconnu et
de la confiance.
Dans Hinterland, le monde des jeunes filles respire cette
fragilité. À l’épreuve du désir, elles affrontent l’autorité,
doivent faire face à leurs peurs. Dire non. Rêver. Oser.
Hinterland conjugue à la fois universalité et contemporanéité.
La pièce nous renvoie à un besoin actuel de spiritualité,
de reconnexion avec les forces de la nature et du
cosmos, à une faim humaine d’absolu dans une société
actuellement tournée vers la consommation à outrance
et le matérialisme, une civilisation occidentale de la
jouissance.
En décrivant l’expérience de cette petite communauté
située en dehors du monde, la pièce raconte aussi que
tout phénomène d’isolement engendre la peur.
Hinterland nous relie aux mystères, pose la question « de l’extra-ordinaire », de l’onirisme, de la fantasmagorie et de leur traitement théâtral et musical.
Tout ce que fait le Pouvoir du Monde est en forme de cercle. La vie de l’homme est un cercle d’enfance à enfance, et ainsi en est-il de toute chose qui est mise en mouvement par le Pouvoir.
Black Elk
Au coeur du cercle, c’est dans le rythme, l’espace sonore, les silences, la composition entre dialogues et chants, la vitesse de l’exécution de cette partition textuelle qu’évolue le monde des femmes. La parole se croise, s’entrelace, crée du vertige. Elle est à « orchestrer » jusqu’à se faire chant « elle-même ».
Autour du cercle, trois hommes tissent le fil du récit. Ils nous apparaissent comme « trois corps constitués », trois figures archétypales, trois solitudes réunies presque drolatiques parce que terriblement humaines.
La confrontation de ces deux mondes atteint son paroxysme dans un rêve vertigineux et angoissant où le personnage de Anne glisse vers le pays de la femme sexuée, voyage initiatique qui nous renvoie à Alice de Lewis Carroll.
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