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Gamines

+ d'infos sur le texte de Sylvie Testud
mise en scène Sylvie Testud

: Présentation

T’as larciné le placard de maman !


L’écriture de Sylvie Testud est décalée, inventive, drôle mais sans concession. Après Il n’y a pas beaucoup d’étoiles ce soir et Le Ciel t’aidera (Ed. Fayard), après avoir évoqué, tourné en dérision ses angoisses de femme, de comédienne, ses désillusions et ses coups de folie, elle continue de livrer un peu, beaucoup, d’elle-même et se concentre sur l’univers de l’enfance. « Comment pourrais-je vous expliquer ce que je connais de l’intérieur ? Comment pourrais-je vous expliquer qu’il vaut mieux en rire ?... ». Gamines (Ed. Mille et une nuits), c’est l’histoire de trois fillettes seules avec leur mère, dans un monde d’adultes qui les isole. Trois têtues, tenues éloignées d’un « il » mystérieux, un père qu’il ne faut pas nommer et qui viendra un jour frapper à la porte… Trois voix d’enfants relayées par trois femmes, trois comédiennes singulières, charismatiques, fragiles. « À douze ans, elle a une tête à sérieux, pire qu’un adulte ! », jette Sibille, comme une illustration savoureuse du bagou, de la gouaille tendre orchestrée par le texte de Testud. Mais si l’humour traverse Gamines, le regard de la jeune auteur pointe aussi, surtout la détresse… Comme un bonbon qui serait doux mais très acidulé…




Une vie pavée des paroles "des grands"


Dans un monde où « l’homme », le « il » qu’elles n’ont jamais vu, celui qu’on évoque à peine, de peur d’éveiller la colère, Sibille la cadette défend. Elle se bat contre lui qui a l'air si dangereux. Les trois se protègent, protègent "Elle" contre « Il » dont on ne parle jamais.
Lui qui viendra frapper à la porte du petit appartement de la rue du Bon Pasteur, c'est sûr !


Qui se tient derrière cette porte ?
- C'est maintenant ! C'est lui !
- On ne peut pas voir par le judas, il est trop haut.
- Maman a dit qu’il ne faut pas ouvrir la porte.
Corinne, Sibille et Georgette passeront leur vie d’enfant à imaginer les traits de ce « il » qu’elles ne nommeront jamais.


Quand les adultes décident de tenir les enfants à l’écart de leur vie. Quand les adultes ne trouvent pas les mots, trop durs pour le jeune âge.
Les trois petites filles inventent.


Le voisin n’aime pas cette femme sans mari qui élève trois petites filles, seule. Cette femme sent presque la misère, et ça monsieur Aunette, ça lui file la gerbe ! Il a envie de dégueuler monsieur Aunette, quand il voit les trois petites du cinquième et leur mère toute fauchée, toute brune aux cheveux si peu lisses.
- J’ai envie de lui foutre un coup de pied !
- Tu veux que maman ait des problèmes ?
- T’as une tête à sérieux toi… Pire qu’un adulte ! Quand on a une tête à sérieux comme ça, c’est là qu’il faut faire des blagues !
- Tu crois que c’est ça qui est important ?


Une vie, pavée des paroles « de grands » que trois petites filles ruminent dans l’univers violent qu’est le monde, quand les adultes décident de s’emporter.


Mais lui ? Ce « Il » dont il ne faut pas parler… Quand viendra-t-il derrière la porte ?
- Un jour tu vas voir !
- Pourquoi viendrait-il ?
- Pour nous faire du mal !
- Moi, j’aurais préféré qu’on me mente, plutôt qu’on ne me dise rien ! Dans les textes à trous, j’imaginais les mots. Toujours les pires.


- Bonjour monsieur ?
- Ne le reconnais-tu pas ? Ne vois-tu pas que c’est l’homme sur la photo ?
- C’est « Il ».
- Oui, c’est « Il ».


Les trois petites filles seront jouées par les trois adultes. Des voix d’adultes données à des répliques d’enfants. Une comédie, qui je l’espère, arrivera à son but : ne plus rire du tout.
Non. Ce n’est pas drôle.


Sylvie Testud

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