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Faut qu'on parle

mise en scène Guy Alloucherie

: Présentation

Solo mais pas seul


Prendre la parole, Hamid Ben Mahi n’a jamais hésité à le faire : déjà dans Chronic(s), un solo, le danseur et chorégraphe qu’il est devenu racontait son parcours atypique. Des années 80 où il découvre le hip hop en regardant les autres, à son ouverture au contemporain, et, plus rare, au classique. Ben Mahi passe une année à l’école de danse Rosella Hightower à Cannes, drôle de zèbre dans un univers à part. En 1998, Hamid Ben Mahi fait même le grand saut jusqu’aux États-Unis où il étudie à l’école Alvin Ailey, le maître noir-américain qui brassait jazz et moderne. Autant dire que Ben Mahi a engrangé des années de pratique et d’influences qu’il mettra au service de Philippe Decouflé, Michel Schweizer ou Kader Attou. Toujours ces allers-retours entre danse urbaine et contemporaine. En 2000, il crée sa propre compagnie Hors Série avec à son actif, Édition spéciale, Chronic(s) ou Sekel, succès avérés.
Sa rencontre avec le metteur en scène Guy Alloucherie, créateur du Ballatum Théâtre et plus récemment de la compagnie Hendrick Van Der Zee où il explore théâtre, cirque, danse et vidéo, est un autre tournant pour Hamid Ben Mahi. Faut qu’on parle ! claque alors comme un manifeste, intime et pourtant tourné vers le monde. « Parler, parler encore, parler toujours. Libérer par cette parole ses propres fantômes comme ceux des autres », dit le tandem Ben Mahi / Alloucherie. Et garder la danse en ligne de mire aussi. Sur scène, ce journal à haute voix parlera alors de mémoire et de dignité, de solidarité, de métissage et de racisme, « ces mots que l’on voudrait parfois désincarner mais qui veulent toujours dire quelque chose ». Témoin attentif, Hamid Ben Mahi, aidé ici par la vidéo et la dramaturgie, sans oublier ses complices, va raconter son passé et son quotidien, quelque part dans une banlieue. « Témoigner pour comprendre. Dire aussi pourquoi faire un spectacle pour ça et comme ça. Comme une nécessité, un besoin. » Cet art à vif parle à tous, touche au cœur également. Il n’est que plus essentiel.


Philippe Noisette




Faut qu’on parle !


Parler, parler encore, parler toujours.
Libérer par cette parole ses propres fantômes comme ceux des autres. Depuis qu’il l’a prise, Hamid Ben Mahi ne cesse de la donner. Pour retrouver la mémoire, la dignité, et l’attention des autres. De ceux qui voient vaguement de loin une population étrange et étrangère. Etrangère à leurs préoccupations en tout cas, si ce n’est pour s’en effrayer.


Sur scène, Hamid débarque avec sa cité, celle des Aubiers. Faut qu’on parle ! est une nouvelle facette de ce journal intime que l’artiste dévoile depuis plusieurs années où il se raconte comme il raconte ceux qui sont comme lui, les arabes, les immigrés. Un journal pour se reconnaître, se situer et témoigner. Et le hip hop comme expression fondamentale. Nécessaire pour contrer la fatalité, essentiel à la création et à l’évasion. Et à une reconstruction.


Hamid est doux. Une de ses instits l’avait surnommé Hamidou. Ce nom lui est resté. Mais il est aussi en colère, et chez lui ça se passe en relevant encore plus haut la tête, en parlant encore plus crûment mais sans animosité. Avec une grande pudeur et une grande force. C’est une question de survie et d’intérêt général.


C’est dur, amer parfois, drôle aussi mais surtout c’est habité. Par la vie, par son art et sa sincérité. Faut qu’on parle !, c’est l’histoire d’un homme en devenir, portée par une narration elliptique pour mieux raconter la genèse d’une vie.


Ce solo est écrit à plusieurs mains, voire à plusieurs voix. Guy Alloucherie et Hamid Ben Mahi se sont rencontrés dans ce cheminement vers l’écriture de l’intime avec une vraie compréhension, une grande connivence artistique et intellectuelle. C’est une de leurs caractéristiques que de travailler en confiance avec des artistes dont ils se sentent proches. Tout comme avec Martine Cendre, Hassan Razak, Frantz Loustalot et Nicolas Barillot qui les ont accompagnés tout au long de plusieurs résidences, en France, à Bordeaux aux Aubiers notamment, ou à Mostaganem en Algérie dans le village familial.


Ces chemins de vie, Hamid Ben Mahi les offre avec générosité et délicatesse. Un pied devant l’autre, un pas après l’autre, il avance. Et on le suit, l’esprit en alerte, les yeux grands ouverts.




Dire et danser


« Dire et danser.
Revenir sur l’histoire, sur la grande histoire et sur sa propre histoire.
Hamid raconte.
Il témoigne. Il dit pourquoi, quand et où il s’est mis à danser.
Il dit qu’après avoir découvert la danse hip hop surtout, il n’a plus jamais arrêté de danser.


Essayer de comprendre, d’expliquer qu’un jour, il prend la danse comme un sport de combat, comme un art martial pour ne plus jamais la lâcher.


Raconter comment tout cela est lié à un chemin de vie.
L’histoire d’Hamid est comparable à celle de beaucoup de gens de sa génération et de jeunes gens d’aujourd’hui, qui subissent l’injustice, les inégalités et le racisme.
Avec Hamid, ça se passe en partie aux Aubiers, à Bordeaux, mais ça pourrait être à Bourges, Béthune ou Torcy.


Dire et danser.
Comprendre comment on en est arrivé là ?
Des histoires, des bouts de vie, un état des lieux, des danses, des images, des témoignages.
Témoigner pour comprendre.
Dire aussi pourquoi faire un spectacle pour ça et comme ça.
Comme une nécessité, un besoin.
Dire ce désir violent de changer le monde et de changer la vie. »


Guy Alloucherie – décembre 2005

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