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Dissident il va sans dire

+ d'infos sur le texte de Michel Vinaver
mise en scène Adrien Béal

: Note du metteur en scène

Par Adrien Béal

Dissident, il va sans dire nous présente avec bienveillance deux personnages qui évoluent dans leur environnement, sans porter aucun jugement sur eux. Rien n'est stigmatisé. Hélène et Philippe, une mère et son fils, parlent de tout et de rien, du père absent, des disques qui traînent sur le tapis, ou de la mort de la grand-mère. Ils vivent simplement dans leur appartement, et c'est à l'intérieur de cet ordinaire que naît la complicité, mais aussi les malaises et l'incompréhension. Michel Vinaver est souvent considéré comme un auteur difficile, réservé à un public d'universitaires, parce que son écriture est inhabituelle. Sa particularité réside dans le montage et l'assemblage apparemment illogique des répliques, qui permettent l'apparition de ce que Vinaver appelle des " fragments de sens ", inattendus et essentiels. Il n'utilise pas son théâtre pour parler, exposer ses points de vue sur la politique ou les rapports humains. Ses pièces parlent d'elles-mêmes. Elles agissent presque à son insu. Il ne dicte rien, il produit simplement un matériau prêt à agir sur l'imaginaire et la réflexion du spectateur, dans une démarche d'humilité et de simplicité. Le passage au plateau de Dissident, il va sans dire poursuit ce principe. Nous présentons cette histoire avec notre subjectivité, mais sans jamais la juger. L'espace de jeu représente un lieu facilement identifiable comme étant la cuisine de l'appartement d'Hélène et Philippe, sans pour autant reproduire un intérieur de classe sociale moyenne des années 70. Un lieu exigu rapprochant à l'extrême la pièce du spectateur autour des quelques éléments constituant le lieu de vie des personnages : les disques de Philippe, la porte de sa chambre, les sabots d'Hélène. A l'intérieur des courts extraits de leur quotidien apparemment banal, chaque dissonance, chaque frottement doit être capté. Il s'agit de créer une tension fragile, à fleur de peau, afin que le spectateur entende la cuillère tremper dans le bol de soupe, soit témoin de chaque faille. A partir de là, le spectacle maintient cet équilibre fragile entre le fait de montrer et celui de pointer du doigt. Nous voulons offrir au spectateur la plus grande liberté quant à sa perception et sa réception de la pièce. Bien sûr la particularité de l'écriture qui induit une particularité dans le jeu n'empêche en rien la cohérence, mais permet d'ouvrir le champ des sens. Le travail des comédiens consiste à investir chaque réplique, indépendamment les unes des autres. L'acteur ne peut donc pas s'appuyer sur une évolution de la tension dramatique puisqu'elle est rompue régulièrement. Rupture renforcée par une exploration de ce qui se joue entre les scènes (les "morceaux"), où la frontière comédien/personnage devient ambiguë. Comme Michel Vinaver, nous tenons à restituer cette parole à la fois simple et déroutante, drôle et effrayante, pour créer chez le spectateur des chocs microscopiques.

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