Et s’il était plus facile d’être dans la tempête que de gérer la liberté gagnée ? Nous sommes après la tempête. Sur le plateau, une tente. A et C doivent y vivre ensemble pour un temps donné. A est italienne, C tunisien, ils tentent de communiquer en mélangeant le français, l’arabe et un anglais massacré. La compagnie Motus s’appuie sur La Tempête de Shakespeare pour questionner le devenir des milliers de migrants débarqués à Lampedusa et autres ports d’Europe. A pourrait être Ariel, la divinité du vent, C Caliban après la révolution tunisienne. Entre eux, le contact est foudroyant. Un nouveau maître ? Non, un frère.

Pour Enrico Casagrande et Daniela Nicolò, il n’existe aucune frontière entre les pays, les moments historiques ou les disciplines. La compagnie Motus, qu’ils fondent ensemble à Rimini, fonctionne comme un laboratoire ouvert aux collaborations les plus diverses, abordant les mouvements sociaux sous le prisme de la littérature, de l’Antiquité à nos jours. Depuis 2011, leurs créations sont autant de focus sur l’homme comme animal politique. Créée en 2013 après une résidence en Tunisie, Caliban Cannibal expérimente le nomadisme comme forme de résistance, réunissant sous une tente deux figures improbables : Silvia (A), fantastique actrice italienne récompensée par le prix UBU, et Dalì (C), artiste tunisien d’origine berbère, qui se bat pour avoir le droit de se déplacer librement.

Le travail de création commence par une expérience, un moment de vie commune passé sous la tente avec une caméra comme témoin. Le film qui en résulte capte chaque mot, chaque geste, livrant le regard le plus intime, il servira de toile de fond à la pièce. Celle-ci est un condensé intense de l’expérience, livré en live devant nous.