: Notes de la metteur en scène
Dea Loher propose, en forme de défi, une pièce sarcastique qui annonce la couleur : référence au personnage du conte
devenu mythe à travers les nombreuses oeuvres musicales, littéraires, cinématographiques qu'il a inspirées, Henri Blaubart
en sera le anti-héros ; allusion directe au but du propos, les relations amoureuses des hommes et des femmes, en forme de
dérision. Chez Dea Loher, Barbe-Bleue est vendeur de chaussures pour dames et tue les femmes parce qu'elles cherchent
un amour au-delà de toute mesure.
La première à entrer dans la “ronde” est une Juliette qui veut être aimée “au-delà de toute mesure”, il ne comprend pas,
elle se suicide à l'instant. Ce sera le point de départ d'une quête qui, le temps d'un jour et d'une nuit, entraîne l'homme,
devenu serial killer malgré lui, d'une femme à l'autre, d'un meurtre à l'autre. L'oeuvre témoigne d'une lucidité désabusée :
ce sont les mots qui tuent et non les sentiments ; ces mots, les protagonistes se les renvoient au visage, dans un perpétuel
quiproquo. De cette ambivalence naît la comédie. L'auteur, brouillant les pistes, cassant toute émotion, organise avec rage
et malice cette confrontation dérisoire d'un homme anodin avec sept femmes.
Et la Danse d'amour va prendre des allures de Corrida.
Quel mobile à ces crimes ? Le mystère subsistera. Seules nous seront données des ébauches de réponses en forme de
variations savoureuses sur le sentiment amoureux, créant des situations émotionnelles déconcertantes qui privilégient le
suspense dans un art du décalage et un traitement de la langue à la fois cru et poétique.
Marie-Jeanne Laurent
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