theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Antigone »

Antigone

+ d'infos sur le texte de Jean Anouilh
mise en scène Mailys Castets

: Présentation

D'abord, laisser la nuit s'installer. Pour que, du fond des temps, quelques lanternes égarées puissent se frayer un chemin et rendre un ultime hommage à Sophocle. L'antique cérémonie s'achève. Que reste-t-il de ces rituels ensevelis, de la force légendaire d'Antigone ? Des statues dérisoires, des regards pétrifiés, la voix d'une petite fille. Et puis cela commence...


Sur scène, une contrebasse, noire. Désert – océan. Une ritournelle au loin, et quelques cloches brisées. Le chœur des comédiens, ombres fragiles, s'avance...



Au sujet de la mise en scène...


Un jour on croise Antigone. Comme un souffle, une flèche qui vient de loin, d'un refus, d'un espoir aussi. Elle se trouve dans un choeur d'adolescents, dans un soir de dégoût, ou dans un matin où l'on croit tout à coup qu'enfin le rêve serait possible.
Antigone, c'est la violence de la révolte, la bannière contre l'injustice fondamentale. C'est la racine éternelle de toute guerre, l'incompatibilité entre sentiment et pouvoir. Mais c'est aussi ce cri muet que chacun a poussé un jour lorsqu'il s'est vu grandir. C'est une histoire simple au fond, universelle, évidente. Sur scène, une contrebasse, noire. Désert – océan. Une ritournelle au loin, et quelques cloches brisées. Le choeur des comédiens, ombres fragiles, s'avance...


Sur les ruines de son propre mythe, au-delà des époques, à travers les frontières... pourquoi la petite Antigone décide-t-elle de mourir ? C'est dans cet écartèlement entre héroïsme antique et nihilisme moderne que se déploie toute la puissance de la tragédie. Antigone ne peut plus invoquer les dieux, l'honneur ou la morale. Face au vide, face à l'incohérence fondamentale d'un monde fait de choix, de désillusion et de compromis, elle se réfugie à jamais dans le creux de l'enfance. Et le théâtre joue, et le théâtre chante, et le théâtre rit, acide et décalé, car en effet l'espoir est vain. Fatalement, chacun de nous doit jouer son rôle, muré au sein de ses propres failles.


L' Antigone d'Anouilh a cela d'exceptionnel qu'elle ne se contente pas de réécrire ou de moderniser le chef-d'oeuvre de Sophocle. Dans la pureté lisse et l'efficacité foudroyante de ses dialogues, elle a le génie de faire exister chaque personnage dans un conflit à la fois intérieur, existentiel et politique.


Durant la création, nous avons ainsi continuellement cherché à nous tenir au plus près du texte, de sa profonde simplicité, de sa force tranquille, de sa sidérante immédiateté. J'ai tenu à ce que la scénographie permette au spectateur de rêver librement. Pas de pays précis, pas de saison, pas de repères familiers. Rien qui puisse décider de l'endroit ou du moment où cela se passe. Rien qui puisse entraver la violence de la fatalité. Les mimes, les ombres, les jeux de mise en abyme, les chants, les musiques métamorphosent l'espace, et font vibrer l'intrigue entre sensualité et onirisme.

Au cœur du mythe...


On pourrait considérer le mythe comme une sorte de Phénix. Son essence est une jonglerie constante entre intime et universel, entre mémoire et infini. Et c'est très justement parce que Antigone a traversé 2400 ans d'histoire que Anouilh a pu lui conférer cette dimension si juste, si actuelle et si touchante. Peut-être pourrait-on d'ailleurs résumer le drame de la petite Antigone en ces quelques mots : aujourd'hui, la tragédie de l'homme moderne est de n'avoir même plus droit au tragique, tant sa vie est devenue absurde et dérisoire.
Ce lien étroit entre l'oeuvre et le mythe est ainsi rapidement devenu pour moi une des clés de mise en scène. D'où, notamment, le travail sur le choeur parlé, chanté et instrumentalisé.
Lors du spectacle, une citation du texte de Sophocle sera ainsi prononcée plusieurs fois en grec ancien. Elle sera traduite en français au tout début de la représentation. Il s'agit d'un extrait de la longue lamentation d'Antigone qui, sur le chemin de la mort, invoque son peuple, ses dieux, ses ancêtres.

« On m'a raconté un jour l'histoire d'une étrangère,
une phrygienne fille de Tantale.
Elle a connu la plus triste des morts.
Près du sommet de Sipyle,
les pierres se sont mises à pousser.
Comme un lierre tenace elles l'ont enserrée.
Sur elle, la neige est éternelle.
Et aujourd'hui encore, la pluie de ses larmes
creuse son visage de pierre.
Personne ne lui ressemble plus que moi »

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.