: Présentation
"Antigone" de Sophocle accompagne l'humanité depuis 2400 ans. Cette pièce fait partie des
incontournables du répertoire du théâtre noble, passionné, qui revendique sa
place dans la société contemporaine. Depuis tout ce temps, elle n'a rien
perdu de son actualité. Elle est toujours jeune et révoltée.
Sophocle met en scène l'histoire d'une famille déchirée par une ambition
démesurée, omnubilée par le pouvoir qui se réduit au néant face à la Mort et
à l'Amour. Droit divin face au droit de l'homme.
Le théâtre, comme toute expression artistique vient d’un besoin de répondre
au monde qui nous entoure, de notre réflexion sur l’être humain, et son
destin, personnel et commun. L’Art est l’expression humaine la plus élevée,
qui ne peut pas se soumettre à la règle du marché économique ou à la
nécessité d’un régime politique. L’Art est l’expression d’une liberté
humaine, que rien ni personne ne peut soumettre aux lois du «pouvoir »,
toute« pouvoir ». Je dirais plus : l’Art doit s’opposer à tout pouvoir pour
que notre monde puisse garder un équilibre, une dignité. Parce que seulement
à travers cette liberté artistique, cette liberté d’idée et d’expression, à
travers cette insoumission peut naître une vraie réflexion, une vraie
expression d’âme humaine qui s’inscrit dans la longue histoire spirituelle,
philosophique, humaniste.
L’Art est, comme Antigone, une révolte permanente, pour permettre aux hommes
de retrouver les repères, pour comprendre le bien et le mal, pour dire « je
ne suis pas d’accord », que notre monde devient inhumain, dépourvu de
valeurs, de moral, de spiritualité.
« Antigone » est un exemple de cette insoumission, de sacrifice de sa vie
pour les idées.
Cette pièce qui nous vient de l’origine du théâtre répond parfaitement au
monde actuel.
Avec ce spectacle, nous voulons crier haut et fort une insoumission au monde
dépourvu de valeurs morale, spirituelle, au monde inhumain d’aujourd’hui.
Le monde d’Antigone, le monde du devoir envers les Dieux et la famille, envers la spiritualité et l’éthique, qui s’oppose à la vision « technocrate » de Créon avec ses raisons d'État.
Cette Antigone prend aujourd’hui le visage de l’homme qui s’immole par le feu sur une place du village dans un pays arabe, il n’y a pas longtemps, il a brûlé sur une place de Prague. Dans un geste ultime, il se couvre de feu pour crier son désespoir et, en même temps, il allume avec cet ultime sacrifice de sa vie une révolte des peuples. Parce que finalement au début de toute révolution est le cri de désespoir d’un seul homme ou d’une seule femme qui se transforme en cri d’une génération entière. C’est de ce cri-là que nous parle Sophocle, c’est de ce cri-là que nous voulons parler dans notre théâtre. C’est ce cri-là que le théâtre devait être.
Aldona Skiba-Lickel
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