À Salem, petite ville du comté d’Essex, dans le Massachussets (U.S.A.), plusieurs centaines de personnes sont dénoncées pour sorcellerie. 150 sont emprisonnées, 19 pendues, un homme meurt sous la torture. Cette sinistre chasse aux sorcières, digne de l’Inquisition, s’est déroulée entre février et octobre 1692. Tragique épisode d’hystérie collective de l’histoire des colonies anglaises, de l’histoire des U.S.A. La guerre froide, bien plus tard dans l’histoire. La peur des Rouges s’empare des Américains. Joseph McCarthy, le sénateur du Wisconsin, un politicien sans grande envergure, devient le porte-parole de cette paranoïa. Dans des discours et des articles, à la télévision ou à la radio, il vomit sa vision apocalyptique du monde entraînant dénonciations, listes noires, licenciements, arrestations, procès expéditifs, emprisonnements. Les libertés civiles sont piétinées. Des femmes et des hommes choisissent l’exil et fuient la promised land qui ne tient pas ses promesses. Le maccarthysme demeure l’une des plus sombres pages de l’histoire des U.S.A., l’autre chasse aux sorcières. Dans ce contexte délétère va se dérouler la célèbre affaire Rosenberg. Ethel et Julius Rosenberg vivent à New York. Lui est ingénieur électricien. Elle élève leurs deux enfants. Le 17 juillet 1950, à 20h30, on frappe à la porte, Julius va ouvrir, deux agents du FBI lui passent aussitôt les menottes. Quelques semaines plus tard, on arrête également Ethel. Les Rosenberg sont accusés d’espionnage. Ils auraient transmis les plans secrets de la bombe atomique à l’U.R.S.S. Au terme d’un procès de près de trois ans, qui enflamme l’opinion publique américaine et mondiale, Ethel et Julius sont condamnés à être exécutés sur la chaise électrique. Le procureur Roy Cohn, un jeune homme de 23 ans, a remué et terre et merde pour ça. Le 19 juin 1953, date anniversaire de leur mariage, Julius meurt à 20h06 précisément. À 20h16, le temps de débarrasser le corps de son mari et de l’installer, Ethel meurt à son tour électrocutée. 33 années et 44 jours de vie plus tard, Roy Cohn meurt du SIDA. Devant les cercueils des Rosenberg, W.E.B. Du Bois avait déclaré : « Ces gens sont morts parce qu’ils n’ont pas voulu mentir. » L’histoire n’est pas aussi simple. Les Rosenberg n’avaient cessé de clamer leur innocence, mais les historiens savent aujourd’hui que Julius était bel et bien un espion, qu’Ethel l’avait probablement secondé. « Ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente » prévenait Racine. Tout dans cette histoire renvoie décidément au tragique, la tragique histoire des U.S.A. Notre fresque, notre histoire retouche, trahit, retourne, amplifie l’histoire des U.S. Parce que pour mieux comprendre l’Histoire, nous avons besoin de la littérature, de la poésie, du théâtral. Pour comprendre l’histoire des U.S.A. sensiblement.