Entretien avec Nasser Djemaï pour "Invisibles"
Questionner l’héritage silencieux des Chibanis : La mère de Martin vient de mourir en lui laissant une mystérieuse indication, le lançant sur la piste du père qu’il ne connaît pas. Se retrouvant dans un foyer où vivent de vieux travailleurs immigrés algériens, des « Chibanis », qui semblent bizarrement le connaître, Martin se prend au jeu des confidences à demi prononcées par ces hommes échoués au bord de la vie, au bord de la mort… Une figure l’attire particulièrement, le mutique El Hadj, immobile dans sa chambre, mourant, veillé par ses vieux camarades : Driss, Hamid, Majid et Shériff. Martin parviendra, à force de patience, à nouer un lien avec ces vieux messieurs qui le révèleront peu à peu à lui-même. C’est donc un récit initiatique, une découverte de soi, mais aussi une découverte de ces hommes laissés pour compte de la société industrielle française. Sans victimisation, le spectacle rend hommage avec humour et émotion à ces hommes oubliés, les « invisibles ».