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Petites sirènes

+ d'infos sur l'adaptation de Alexis Moati ,
mise en scène Alexis Moati

: La mise en théâtre

Sur le tout planait une merveilleuse lueur bleue, on se serait cru très haut en l’air à ne voir que le ciel haut-dessus et en dessous de soi, plutôt que de se trouver au fond de la mer.
Hans Christian Andersen in La Petite Sirène, trad. Régis Boyer, Bibliothèque de la Pléiade, 1992, p.85


C’est avant tout un poème, car il s’agit bien pour moi d’un poème.
La langue d’Andersen nous emmène dans des zones profondes, oniriques, étranges, nous reliant à des sensations originelles.
Perceptions ouatées, absence de contour, alternance du flou et de la netteté.
Ce conte nous relie à nos lointaines origines, celles d’avant la marche debout ou même à quatre pattes. La mer, liquide amniotique de notre humanité.
Il est également d’une désarmante simplicité. Bien que la trame nous soit connue, de nombreux détails nous font plonger en nous-mêmes. Il y a entre nous et tous les personnages comme un voile et finalement je crois que ce sont nos rêves et nos projections que la petite sirène nous renvoie : ce besoin d’être transcendé, ce rêve d’absolu qui tant bien que mal a survécu en nous.
Il s’agit de rendre cette énergie vitale, cette combustion intérieure.


Pour que le conte soit le personnage principal du spectacle, je souhaite utiliser le théâtre (les situations), le récit (la narration) et la danse (mouvement sans texte), alternant ces formes voisines pour qu’elle se frottent et que puisse naître une étincelle particulière. Le texte sera porté par trois voix, trois jeunes femmes. Tel un choeur de vierges, ce sont elles qui raconteront La Petite Sirène tout en proposant trois approches physiques différentes.


Pour essayer de rendre compte de la poésie si particulière de ce conte je souhaite travailler sur la perception des spectateurs.
Nous cherchons actuellement avec le scénographe à inventer une installation, qui mettra en jeu de l’eau, stagnante mais aussi en mouvement, à l’intérieur de laquelle les acteurs pourront évoluer.
L’eau pourra être également un support de projection pouvant donner du mouvement à la lumière. Un système d’éclairage sera intégré à cette installation.


Le son mettra en scène les éléments en travaillant sur les vibrations différentes du son dans l’eau, dans l’air et dans la terre.
L’eau sera l’élément de départ du travail, je pense beaucoup au travail d’artistes contemporains tel que Bill Viola qui dans des installations comme the passanger travaille sur l’immersion d’un corps au ralenti, corps flottant sans poids ou encore dans the passing, installation dans laquelle Viola fait traverser, au ralenti, un rideau d’eau à une femme et nous donne l’impression qu’elle revient des limbes pour s’incarner.
L’eau ne devra pas être un décor mais un partenaire de jeu pour les acteurs.


Mettre en scène La Petite Sirène, c’est plonger dans un inconscient d’image et de sensations que les mots d’Andersen font remonter en nous très simplement.
Lorsqu’il racontait ses histoires Andersen utilisait des formes de papier découpé cela fascinait son auditoire, ses découpages eurent un franc succès, je ne peux m’empêcher de penser aux résidus de ces découpages où l’on pouvait sûrement voir les personnages de ses contes… en creux.

Alexis Moati

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